Intervention de Jean-Luc LECOMTE du 22-10-12

Intervention de Jean-Luc LECOMTE du 22-10-12

Séance plénière du 22 octobre 2012
Intervention de Jean-Luc LECOMTE au nom du groupe Front de Gauche
Parti Communiste Français, Parti de Gauche, Gauche Unitaire

Monsieur le Président,
Cher-e-s collègues,
Notre pays est en situation d’urgence sociale.
Le cap de 3 millions de chômeurs a été  dépassé officiellement début septembre.
Les chiffres du chômage sont tout aussi catastrophiques dans la région.
La Haute-Normandie comptait 145 634 chômeurs fin août, soit une hausse de 7,8% en un an. L’emploi précaire et les temps partiels imposés se développent.
Il y a seulement quelques mois, notre majorité était en résistance et menait la bataille contre la réforme territoriale, pour le remboursement de la dette de l’État due au titre des transferts de compétences et pour des moyens nouveaux pour les collectivités territoriales. Les élus de notre groupe y ont pris toute leur place et ont multiplié les initiatives.
Le temps de la droite au pouvoir est aujourd’hui révolu. Notre majorité doit continuer à agir pour obtenir les moyens de contribuer à une amélioration significative et durable de la vie de nos concitoyens.
D’autant que pour  sortir de la récession, le chemin de l’austérité de la réduction des investissements publics et de la compression des salaires n’est pas le bon. Il conduit inévitablement à la récession et  à la faillite comme le montre la situation en Grèce, en Espagne ou  au Portugal.
120 économistes viennent d’ailleurs de lancer un appel contre l’austérité prônée par le traité budgétaire européen et pour une autre orientation de l’Europe.
La crise que nous connaissons n’est pas d’abord une crise financière et encore moins une crise des finances publiques mais avant tout une crise du système capitalisme qui a sacrifié notre industrie.
Répondre à l’urgence sociale, c’est donc prendre en compte l’urgence industrielle et accorder la priorité à l’emploi industriel et à la formation professionnelle.
A propos de formation professionnelle, permettez-moi de saluer la présence dans notre hémicycle de salariés et de stagiaires de l’AFPA.
Lors d’une récente rencontre avec les représentants  syndicaux, nous avons fait le point des difficultés que rencontre l’association et des dispositions que pourraient prendre la Région en faveur du service public de la formation professionnelle.
Tout d’abord, rétablir la subvention pour la restauration et celle pour l’hébergement qui existent dans les autre régions.
Ensuite, en nous appuyant sur la communication de la commission européenne du 20 décembre 2011, commander des formations qualifiantes à l’AFPA, en dehors du code des marchés publics qui ne s’appliquent pas, comme le rappelle la Commission, aux formations ne relevant pas du secteur économique, c’est à dire financées sur fonds publics, gratuites pour le bénéficiaire et conduisant à un titre reconnu par l’État.
L’actualité de l’emploi industriel, c’est la liquidation de l’entreprise PETROPLUS, a` Petit-Couronne, prononcée par le tribunal de commerce de Rouen qui  accorde  un délai jusqu’au 5 novembre pour trouver un repreneur.
L’entreprise PETROPLUS, gérée par ses salaries depuis près d’un an, est viable. Le savoir-faire des salariés, l’esprit de responsabilité´ de l’intersyndicale dans le fonctionnement de l’entreprise comme dans la lutte, permettent qu’elle fasse aujourd’hui des bénéfices.
Le gouvernement peut et doit sauver le raffinage français. Tous les moyens de pression doivent être exercés pour que le groupe Shell, responsable historique de la situation rencontrée, assume sa part de responsabilité.
Alors que les besoins en raffinage ne diminuent pas mais que les grands groupes préfèrent raffiner  en Inde avec une main d’œuvre surexploitée  et des normes environnementales quasiment  nulles, le gouvernement et le Chef de l’État doivent prendre toute la mesure de l’urgence et agir pour permettre la pérennisation de l’activité´ sur le site de Petit-Couronne.
La banque publique d’investissement (BPI) et le fonds stratégique d’investissement (FSI) doivent être mobilisés sans attendre.
La souveraineté´ de notre pays comme l’avenir des 470 salariés de l’entreprise et de milliers de sous-traitants en dépendent.
Il existe à l’Assemblée Nationale et au Sénat, une majorité de parlementaires pour voter sans attendre les lois nécessaires : droit d’intervention pour les salariés dans la stratégie des entreprises, pôle public de l’énergie incluant le raffinage, visas sociaux et environnementaux aux frontières.
Nous ne voulons plus entendre dire que l’État ne peut pas tout !
Prononçons-nous clairement, ensemble, Monsieur le Président, pour bousculer le calendrier parlementaire et voter les lois indispensables.
Prononçons-nous clairement ensemble pour, si nous y sommes contraints le moment venu par l’absence de repreneur,  la réquisition du site et la nationalisation de l’entreprise.
Chez M-real, cette position ferme, proposée par les élus communistes et dont les salariés ont su s’emparer dans l’unité, a permis de faire plier les actionnaires finlandais et d’aller vers une reprise de la production dans les prochaines semaines.
Nous sommes certains, Monsieur le Président, que la Région saura contribuer avec pertinence au montage financier qui est en phase de bouclage.
L’urgence sociale, c’est la fermeture de Legrand Montville, le chômage partiel et les  restructurations à Renault Sandouville, ce sont les pertes d’emplois à la centrale thermique du Havre, les inquiétudes chez Sanofi et chez Alcatel ou encore le plan de licenciement chez Merck à Éragny-sur-Epte et la brutale fermeture des deux sites Cinram de Louviers et de Champenard.
L’urgence sociale, c’est la dégradation continue du centre de triage de Sotteville-lès-Rouen qui alimente notre doute quant à la réelle volonté de réindustrialiser  notre territoire.
Le Comité de défense et les cheminots de ce centre désespèrent des contradictions relevées entre les courriers rassurants du Ministère des Transports, ceux de R.F.F., et une réalité sur le terrain qui ne peut être qu’assimilée à un démantèlement continu du Fret ferroviaire.
Sur Sotteville-lès-Rouen, l’emploi ne cesse d’y reculer : près de 300 emplois ont été supprimés en 3 ans.
R.F.F. envisage même la déconnexion électrique de la ligne rive gauche, ce qui, chacun le comprendra, affaiblirait plus encore le site sottevillais tout en aggravant le bilan carbone des marchandises transportées. Pour être sincère, l’ambition de notre Région, en matière économique doit être marquée par un affichage déterminé en faveur de la réactivation de ce centre de tri et du déploiement du Fret ferroviaire.
Celui-ci doit être au service de ses ports et d’une industrie créatrice de valeur ajoutée, produite dans le respect de notre environnement mais aussi transportée avec la même exigence écologique. Concernant la ligne nouvelle Paris-Normandie, les élus communistes ne varient pas dans leur position, quelque soit la majorité politique au pouvoir.
Ce projet doit être conduit à son terme et dans sa globalité, y compris entre le Havre et Paris-Saint-Lazare.
Que les travaux soient phasés en partant de Paris relève du bon sens mais ils doivent être réalisés en totalité, dans l’intérêt de nos populations et du transport Fret.
Intégrée au réseau central européen, cette ligne mérite le langage de la nécessité. Au delà des clivages politiques, il nous faut veiller à une certaine unité de vue dans notre Région, d’autant que  les choix du gouvernement en la matière ne semblent  pas définitivement arrêtés.
Monsieur le Président, les élus du Front de Gauche sont disponibles pour participer à  toute action de la Région visant à obtenir, de la part de l’État et par la mise en place d’un impôt territorial des entreprises avec une taxation à 0,5% des actifs financiers des sociétés et des banques, des moyens financiers nouveaux pour des politiques en faveur de l’emploi, du développement des services publics et de l’aménagement équilibré des territoires.

Je vous remercie.