« Je l’aime je ne la cogne pas »… »Avec mes mots je peux la blesser »… »Si je la force c’est un viol »…

« Je l’aime je ne la cogne pas »… »Avec mes mots je peux la blesser »… »Si je la force c’est un viol »…

Campagne de communication, de prévention et de sensibilisation contre les violences faites aux femmes et les pratiques sexistes.

J’ai lancé ce 3 mai, en ma qualité de Vice-Présidente du Conseil Général en charge de la lutte contre les discriminations et de la citoyenneté cette campagne de communication que vous allez voir rapidement un peu partout, afin d’aider les victimes des violences et aussi les coupables à parler. Libérer la parole est l’un des objectifs de cette campagne : car il faut sa voir que 6 femmes meurent en France par mois, des conséquences des violences !!!Pour autant 4 % seulement des victimes portent plainte ! Cette violence à l’égard des femmes touche toutes les femmes, jeunes et moins jeunes, de toutes origines. Elle traduit des rapports de forces inégaux prédominants entre les hommes et les femmes. Elle a pour origine un système de domination masculine qui remonte à la nuit des temps, mais qui n’est en rien inéluctable. Pour faire reculer ces violences, il existe bien sur un arsenal juridique qu’il faut, bien sûr renforcer, et surtout qu’il faut faire appliquer, qu’il faut faire vivre et c’est en en parlant, je crois, qu’on y contribue, et cette campagne se fixe cet objectif : en parler.. Car la loi du silence fait subir à de trop nombreuses femmes victimes de violences un quotidien humiliant. Celles qui parlent enfin, sont montrées du doigt. Cela se passe en France, dans trop de quartiers et bien au delà . Car comme pour de nombreuses discriminations, celles qui touchent les femmes, souvent de manière violentes, il y a le danger de replis sur soi même Qui n’a entendu telle femme agressée ou violée refuser de porter plainte, par peur de représailles, par peur de devoir dévoiler sa vie personnelle ou intime, de s’être mise elle-même en situation de victime potentielle, par peur d’être jugée coupable. L’un des objectifs de cette campagne est bien de déculpabiliser les femmes victimes de ces violences. Les causes de la violence dépassent les seuls rapports économiques et ne relèvent pas de la fragilité ou de la faiblesse des femmes. Elles ne reposent pas uniquement sur des comportements individuels déviants. L’ampleur, la fréquence et les différentes dimensions de la violence faite aux femmes sont les conséquences de l’inégalité dans de nombreux domaines, et des dominations de sexe. Partout dans le monde, des femmes et des hommes contestent les valeurs archaïques qui les étouffent, contribuant ainsi par leur combat pour l’égalité des sexes à l’avènement de sociétés libres et démocratiques. Il nous faut les aider. En invoquant le respect des autres cultures, de nombreuses formes de violence sont ainsi redéfinies par certains comme des  » libertés « . Le caractère universel des droits de l’Homme est parfois récupéré et vidé de son sens pour en faire un instrument de promotion des particularismes et bien souvent des pratiques archaïques. Au cri de  » c’est mon choix « , les violences faites aux femmes telles que la polygamie, l’excision, les mariages forcés, les crimes dits d’honneur…se trouvent ainsi légitimées. Par ailleurs, souvent dans les conférences organisées sur ce thème nous avons à faire à un public d’initié, à des militantes de la cause des femmes, rarement aux victimes, rarement aux jeunes…Nous devons sensibiliser largement sur cette question et pas seulement – passez-moi l’expression – la ménagère de moins de 50 ans… Et puis parce que la violence envers les femmes et les jeunes filles est en recrudescence, elle prend des formes que l’on avait rarement vu jusque là …je reprendrais là l’exemple de Sohanne brulée vive…Des jeunes filles contraintes de s’habiller comme des gars, dans de larges survêtements pour ne pas se faire remarquer ou insulter dès qu’un bout de peau apparait !! Nous assistons à des pratiques sexistes de plus en plus jeunes ! Ce n’est pas admissible. Ainsi est née l’idée de faire une campagne d’affichage (inspirée de celle initiée en Seine-St Denis ) pour prévenir et pour communiquer sur le sujet. Cette campagne met uniquement des hommes en scène, dans leur vie quotidienne, on peut voir ainsi qu’ils sont issus de toutes les générations, de toutes les conditions sociales, de toute origine, jeune collègien, cadre dynamique, livreur, …aussi représentatifs possible de notre société. Les messages véhiculés sont exclusivement positif, l’idée est un peu de montrer ce que peut être « l’homme modèle » ; les messages abordent de manière implicite mais toujours de manière positive, les différentes formes de violences dont la femme peut être victime, je le répête, les violences psychologiques, morales ou verbales peuvent être tout autant destructrices !! Certains sont interrogatifs par rapport aux messages que cette campagne véhiculent, c’est vrai que ce n’est pas le type de campagne auquel nous a habitué les différents ministères les jours de 8 mars. Des campagnes qui, presque en grande majorité, à chaque fois, choque l’opinion public, mais, je dirais, ne fait pas avancer le schmillblick, en tout cas pas la cause des femmes victimes de violences… Est-ce qu’une femme victime de violences, assise un soir de 8 mars devant sa TV à côté de son mari devant un tel spot va se sentir aidée ?Je pense qu’elle va plutôt fuir cette image, ce miroir que lui renvoie son écran de TV. Et l’homme face à ce spectacle ? Ne va-t-il pas être tenté de considéré cela comme normal ? Et puis pourquoi est-ce encore une fois la femme que l’on met en scène dans ce type de spot ? NON, je n’ai pas voulu choquer, ni toucher l’opinion public, mais aider les victimes et les coupables des violences conjugales. Le but de cette campagne est de prévenir et surtout, surtout de libérer la parole, d’aider, d’aider les coupables et d’aider les victimes, aider les victimes à parler, le fait de positiver les messages, les termes mêmes des messages doivent amener à ce que les uns et les autres s’interrogent sur leurs propres pratiques, leurs propres comportements. Ces affiches qui se déclinent en plusieurs formats, sont aussi destinées par exemple à être affichés dans les CMS, ce qui permet aussi d’identifier des lieux où l’on peut librement parler de cela, car je le répète, si beaucoup de femmes sont victimes peu en parle, ou ose en parler, car avant d’aller porter plainte et partir de chez soi c’est souvent un très long parcours, et si on ne sait pas où s’adresser, à qui s’adresser, c’est plus compliquer encore, quand on identifie des lieu où vous savez que les personnes vont être plus réceptives à vos problèmes car ils y sont attentifs c’est plus simple, idem dans les collèges, pour les jeunes filles à l’intérieur de l’établissement, dans leur famille, mais aussi pour l’ensemble des enfants qui sont toujours très affectés de voir leurs parents se battre, mais combien osent en parler ? Vraiment l’objectif de cette campagne, c’est libérer la parole pour venir en aide. Par ailleurs, au verso des affiches déclinées en cartes postales notamment sont apposées les coordonnées des associations qui aident les victimes et je voudrai ici remercier toutes celles qui sont présentes au quotidien sur le terrain pour aider chacune dans leur combat.