Intervention de Michel BARRIER président de l’ADECR76en ouverture du congrès.

Intervention de Michel BARRIER président de l’ADECR76en ouverture du congrès.

Les sujets sont nombreux sur lesquels nous pourrions être amenés à débattre à l’occasion de notre congrès, et qui sont au coeur même de la vie des humains quelque soit sur cette planète, leur lieu de résidence,
Les questions internationales européennes évidemment que l’on a souvent tendance à négliger et dont les répercussions pour la vie des citoyens sont réelles,
les sujets de société , comme le travail, l’économie, l’industrie, l’énergie, l’environnement, l’habitat…mais aussi l’aménagement du territoire, l’organisation de la société, la construction du nouvelle république avec la démocratie comme fil conducteur…les luttes comme celles de jeudi qui montrent la construction du rassemblement tant utile pour l’avenir de notre société .
Mais pour ces quelques heures dont nous disposons, je m’en tiendrais à la plus récente actualité, mais rassurez vous, il est évident que le CIDEFE avec lequel nous organisons ce moment d’échange, proposera des sessions de formation auxquelles vous réserverez j’en suis sur la plus grande attention.
Permettez moi donc de revenir sur la dernière actualité politique, avec les élections Départementales de la fin mars, qui à travers leur configuration inédite comme à travers leurs résultats, ont ouvert une nouvelle séquence de la vie politique que l’on aurait tort,
comme malheureusement le font bon nombre d’observateurs prétendument avertis,
de réduire au seul vote sanction contre le gouvernement en place ou à un retour en grâce de la droite dans l’opinion.
Bien entendu,
et nous n’avons cessé de le répéter depuis deux ans maintenant,
à mettre en place au quotidien une politique libérale digne de celle conduite par la droite,
lorsque l’on prétend incarner la Gauche en s’étant fait élire sur un programme de Gauche, en rupture avec le pouvoir Sarkozy,
à faire le contraire une fois élu de ce que l’on promettait la veille,
à se faire le porte parole du changement avant de sombrer dans la résignation et le renoncement,
on s’expose assurément à une impopularité record qui se traduit par un rejet, par une sanction dans les urnes, voir même du dépit,
Ce fut vrai pour le pouvoir socialiste en place aux Municipales aux senatoriales, puis aux Européennes,
Et cela s’est confirmé, et sans doute même accentué aux Départementales.
Pour autant, la Droite
qui sort du même coup vainqueur en accédant aux directions de 67 des 98 Départements soumis à l’élection, (Front de Gauche : 1, PS/PRG : 29, Droite : 67, Divers : 1)
est loin de mériter la vague bleue que certains lui prêtent par une analyse faussée de la volonté des électeurs.
La Droite a gagné certes, mais elle a gagné par défaut, par dépit,
elle n’a aucunement vu son projet politique validé par les citoyens.
Et pourtant, dans tous ces départements comme en Seine-Maritime elle a désormais les moyens pour le mettre en œuvre.
Son projet, libéral, ce n’est pas un scoop, portant l’austérité puissance 10 et le service minimum pour les services publics et le Département comme Hubert Wulfranc nouveau Président du Groupe des Elus Communistes, Républicains, Front de Gauche au sein de la nouvelle assemblée Départementale l’a aussitôt dénoncé.
Avec un Front National hyper médiatisé, avant comme après, agité, mais aussi alimenté par les uns et par les autres, comme un épouvantail utilisé pour faire perdre l’adversaire quitte à offrir à ce parti nocif qui n’en demandait pas tant, les semences de sa propre progression, l’extrême droite renforce son enracinement et se place comme arbitre du bipartisme annoncé en attendant son heure.
Ajouté à cette progression de l’influence de l’extrême droite désormais masquée derrière un discours social, une abstention massive qui traduit désormais la volonté d’au moins 1 français sur 4 de ne pas voter et d’un autre français sur 4 de ne voter que lors d’élections phare, nous nous retrouvons avec une démocratie qui boite ou qui décline selon le degré d’optimisme de chacun.
Dans ces conditions, dans ce contexte pré-électoral défavorable tant à la vie politique qu’à la Gauche,
le Front de Gauche a cherché à incarner une véritable perspective nouvelle, une nouvelle voie porteuse d’espoir à Gauche pour non seulement remobiliser les électeurs réfugiés dans l’abstention grandissante ou égarés dans le vote FN, mais également pour avancer un véritable projet nouveau s’appuyant sur des valeurs, une conception volontariste de l’action publique, des propositions concrètes pour renforcer l’utilité et les moyens des collectivités.
Dans plusieurs départements, comme ici en Seine-Maritime, il a su s’élargir aux Verts et à Nouvelle Donne, Ensemble, à des citoyens , pour constituer un rassemblement inédit et éviter un éparpillement des propositions électorales situées à la Gauche du PS, éparpillement qui, en général, conduit à un affaiblissement de chacune de ses composantes.
Force est de constater que si cette démarche, notre démarche, a séduit une partie des électeurs, j’en veux pour preuve, et j’y reviendrai, la réalité de nos résultats, elle n’a pas su recueillir toute l’adhésion que nous souhaitions.
Nous avons payé aussi le prix de la déception de la Gauche incarné, porté et donc imputable au Parti Socialiste,
nous avons payé aussi le prix de la défiance envers l’action politique.
Mais nous avons su ainsi résister, prendre date même si notre dynamique n’est pas encore suffisante pour véritablement récolter les fruits de notre action, de notre vision, de notre union.
Et déjà, pointent à l’horizon les élections Régionales.
Une partie du peuple de Gauche, poussée tactiquement par le PS, appelle à l’union en la considérant comme le seul moyen de mettre la droite en échec et faire barrage au Front National.
Alors qu’une autre partie du peuple de Gauche refuse désormais catégoriquement de considérer le PS comme une composante de la Gauche.
D’ailleurs, la notion même de Gauche se trouve requestionnée, revisitée tellement ses valeurs et ses projets identitaires,
en tout cas dans les mots,
ont été détournés, galvaudés, par un Parti Socialiste qui aujourd’hui gouverne,
mais aussi hier par une droite populiste qui a porté Sarkozy au pouvoir et,
de plus en plus par un Front National, imposteur et manipulateur, qui a parfaitement compris qu’après avoir fédéré la frange de la population fondamentalement anti Républicaine et franchement fascisante, puis une autre partie du corps électoral atteinte par la haine et le racisme, doit désormais faire reposer sa progression sur un électorat naturellement de Gauche, en colère ou en désespérance, et donc par un discours social.
Le National Socialisme avait déjà pris ce chemin.
Nous avons donc bel et bien aussi à faire face à une perte de repères dans l’opinion, à une perte de repères aggravée par un sentiment d’impuissance.
En effet, quand le PS vient à dire la même chose que la Droite concernant notamment l’austérité nécessaire, la priorité à donner au désendettement par la réduction de la dépense publique, l’impérieuse nécessité d’écouter les ordres de Bruxelles ou encore l’impossibilité de contrarier le pouvoir économique, le tout rabâché en permanence à travers les médias, une partie importante de l’opinion a fini par le croire.
Nos propositions deviennent alors pour beaucoup, certes sympathiques, mais utopistes et donc irréalistes.
Pour d’autres encore, qui sont plus enclin à croire à leur efficacité, à leur pertinence, se pose immédiatement la question du comment. Comment réussir à les mettre en œuvre sous entendu en influençant ou en accédant au pouvoir.
Cela nous conduit à subir non pas une défiance mais tout simplement un problème de crédibilité.
C’est un problème qui ne se pose pas à l’échelon local où nous sommes en mesure d’accéder aux responsabilités ou de peser sur le pouvoir, cela se pose en revanche au niveau national.
Or, ces élections Départementales d’abord de proximité ont pris sous l’autorité des plus hautes instances de la nation l’allure d’un une élection nationale
Pour le Front de Gauche élargi, ces Départementales ont débouché sur un résultat de 9,4 % des suffrages exprimés au niveau national, soit une progression relative par rapport aux précédentes cantonales.
En Seine-Maritime, nous avons recueilli 54.328 voix, soit 14,96 % des suffrages exprimés au 1er tour sur les 32 cantons où nous étions représentés.
A l’échelle du département, notre résultat est de 13,11 % (29,90 % pour les droites ; 27,03 % pour le PS/PRG ; 26,33 % pour le FN ; 1,50 % pour des divers Gauche, 1,41 % pour des divers Droite et 0,74 % pour des sans étiquette).
Le rapport Gauche / Droite s’établissant ainsi : 41,63 % pour les candidats se réclamant de la Gauche, 31,30 % pour les candidats se réclamant de la Droite, 26,33 % pour les candidats FN et 0,74 % pour les sans étiquette et cela avec un taux de 49,48 % de participation.
Il est également à relever que 2,38 % des inscrits ont voté blanc ou nul, soit tout de même 20.909 électeurs qui n’ont pas voulu se prononcer tout en accomplissant leur devoir citoyen et ce, malgré une offre électorale complète dans la plupart des cantons à l’exception des partis d’extrême gauche.
Le poids des blancs et nuls représente celui d’un canton entier et, ramené au nombre de votants, il atteint 4,80 %. Dans certains cantons comme Le Havre 1, il monte jusqu’à 7,9 % des électeurs s’étant déplacés…
La participation légèrement inférieure à la moyenne nationale fut en revanche très disparate… variant des 54 % sur les cantons Dieppois, certains cantons ruraux ou sur des cantons historiquement à Droite, à 38 ou 40 % sur les cantons Havrais. Une mobilisation ayant essentiellement servi à la Droite et à l’extrême droite.
La Droite, largement minoritaire prend cependant ainsi la tête du Département avec 18 cantons sur 35, le PS en ayant 14 et notre rassemblement 2, plus 1 sans étiquette qui fera le jeu de la droite.
Nous le voyons bien, notamment dans des villes comme Le Havre, la Droite, comme au Casino perd mais gagne au 2e tour. Elle perd également des voix au profit du Front National.
La prime aux deux principaux partis hyper médiatisés couplée à un Front National souvent position d’arbitre et à un mode de scrutin destiné à éviter les triangulaires, a fait reposer sur le premier tour un enjeu encore plus important que dans le passé. Selon que nos candidats arrivent dans les deux premiers ou troisième, même pour quelques voix près, ils deviennent quasiment élus ou éliminés avant même le 2e tour.
Avec l’obligation d’atteindre les 12,5% des inscrits et non des votants comme avant, la stratégie sur laquelle le PS au pouvoir comptait, aidé en cela par un fin découpage au logiciel, un tripatouillage scandaleux : avait pour objectif de résister sur ses cantons grâce au Front National et progresser sur les nôtres.
C’est une stratégie qui a dangereusement payé en nous affaiblissant : malgré un beau résultat en voix, nous étions finalement présents puis gagnants sur 2 cantons seulement alors que nous avions recueilli plus de 20 % des suffrages au 1er tour sur 7 cantons (20 % des cantons).
Aucun de nos candidats ne s’est situé et pour la première fois, en dessous des 5 % même dans des cantons hostiles sur les 32 cantons où nous étions présents et nous avons passé la barre des 15 % des exprimés sur près de la moitié des cantons, soit 15 cantons sur 32 où nous étions présents.
Sauf que cette stratégie du PS, si elle a bien conduit à diminuer le nombre de nos Conseillers au département, de 10 à 4 siègent, l’a du même coup conduit directement dans l’opposition.
Avec Le Havre 1 ou Dieppe 1, l’un charcuté au ciseaux , l’autre torpillée par le PS havrais, nous aurions retrouvé notre poids d’avant élection que traduisait d’ailleurs notre résultat en suffrages et le PS aurait gardé alors la majorité.
En passant à Droite, ces deux cantons on finalement fait perdre le PS.
Il est enfin à relever que, et c’est une première, seuls 7 cantons sur 35 étaient indécis (1 pour nous, 6 pour le PS) au soir du 1er tour. Ainsi sur 80 % des cantons et alors même qu’un seul avait été réglé par une élection dès le premier tour, le résultat du second était mécaniquement réglé dès le soir du premier…
Sur les 7 indécis, le résultat impliquait de bons reports à Gauche et une mobilisation accrue. Il en fallait simplement 2 sur 7 à la Gauche pour maintenir une majorité, elle n’ en a obtenu… Aucun. La Droite avec une mobilisation .et un report assuré du FN a remporté les 7 cantons indécis et raflé la majorité. Les socialistes seinomarins ne s’en sont pas encore remis…
C’est sur ce bilan, dans ce contexte nouveau, que nous allons aborder les élections Régionales. Des élections au sein de nouvelles Régions, méga têtes de pont des politiques de déménagement du territoire et de déshumanisation voulue par les libéraux, qu’ils soient de Droite ou qu’ils se cachent à Gauche.
Sur les 5 départements de la nouvelle région normande, les candidats du Front de Gauche ont obtenu 9,01 % des suffrages, soit 103.023 voix. Il est à noter que les Verts qui se présentaient seuls dans certains cantons ont obtenu 2,28 % des suffrages, soit 26.028 voix.
La Droite arrive en tête avec 32,92 %, devant le FN avec 26,13 % et le PS/PRG avec 23,28 %.
Avec 35,02 % des suffrages cumulés à Gauche, y compris les divers gauche, la marche est donc haute pour empêcher la Droite d’y accéder.
Comme vous le voyez…nous avons encore de belles batailles à mener….il nous faut prendre toute la mesure de ce dernier épisode électoral … Il y a j’en suis convaincu beaucoup d’espoir, aujourd’hui déçu certes, chez les gens, qui rejettent la société telle qu’elle se construit et qui pour l’heure ne voit pas de solutions pour en sortir..nous avons cette responsabilité de contribuer à leur donner cette perspective…