Hubert WULFRANC s’adresse à la madame la ministre de l’Education Nationale, et aux parlementaires de Seine Maritime

Hubert WULFRANC s’adresse à la madame la ministre de l’Education Nationale, et aux parlementaires de Seine Maritime

Lettre ouverte d’Hubert WULFRANC – Président du groupe Communiste, Républicain, Front de Gauche du Département de Seine-Maritime.

Madame la Ministre de l’Education Nationale,
Mesdames, Messieurs les parlementaires de Seine Maritime,

La réunion du Comité Départemental de l’Education Nationale de Seine Maritime du 13 avril dernier s’est achevée sur un constat de désaccord profond avec l’Inspection d’académie sur le projet de carte scolaire élaboré pour la prochaine rentrée.

Après l’épisode fâcheux du « mécompte » des professeurs stagiaires ayant conduit les services académiques à revoir une première fois le projet de carte scolaire, les instances académiques ont refusé lors de la réunion du CDEN, et ce au mépris de toute considération de transparence, de faire procéder au traditionnel vote sur le projet de carte scolaire pour 2015 au motif que les arbitrages seraient rendus le lendemain, agissant ainsi en dehors de toute instance de concertation.

Malgré une hausse des effectifs évaluée à près de 300 élèves pour la rentrée prochaine dans le premier degré, ce projet très largement contesté par les élus locaux, les parents d’élèves et les organisations syndicales d’enseignants, prévoit la suppression de 91 classes pour seulement 49 ouvertures.

Après une décennie de fermeture massive de classe opérée dans le département sous les Gouvernements de Droite, force est de constater que la priorité déclarée du chef de l’Etat et de sa majorité parlementaire pour l’Education Nationale demeure encore aujourd’hui une vaine promesse, faute de moyens humains à la hauteur des besoins.

L’austérité, imposée aux services publics pour financer les différents dispositifs de subventionnement du patronat, ainsi que les objectifs de réduction des déficits publics fixés par Bruxelles, affectent indistinctement les services de l’Etat dont celui de l’Education Nationale.

Les classes surchargées, faute d’enseignant en nombre suffisant, nuisent à la réussite des élèves. Aussi, les fermetures de classes envisagées, inacceptables, ne pourront qu’accentuer davantage les inégalités scolaires et le décrochage des enfants rencontrant des difficultés.

C’est cette même stratégie de gestion de la pénurie qui sous-tend le projet de réforme du collège élaboré par la Ministre de l’Education Nationale, lequel percutera doublement, s’il est mis en œuvre, les collèges Seinomarins déjà affectés par une baisse importante de leurs Dotations Horaires Globales pour la prochaine rentrée.

En l’état, faute de moyen humain suffisant et de formation des enseignants, les enseignements pratiques interdisciplinaires, pierre angulaire du projet du Gouvernement, se feraient au détriment des horaires de chaque discipline.

L’autonomie accordée aux chefs d’établissement sur ces EPI mettra encore un peu plus les collèges en concurrence pour attirer les meilleurs élèves par le biais de leur offre pédagogique, accentuant encore les ségrégations scolaires.

Ces EPI fragiliseront de nombreux postes dans les collèges et mettront les enseignants d’un même groupe de discipline en concurrence tout en augmentant vraisemblablement le nombre de classe qu’ils devront suivre.

De même, la suppression programmée des options langues anciennes et des classes européennes n’est pas sans poser d’interrogations sur la pérennité même de l’enseignement de certaines langues qui contribuent à la constitution d’un socle culturel ouvrant sur le monde.

Enfin, l’introduction de la LV2 dès la classe cinquième au prix d’une diminution du temps d’enseignement sur les autres niveaux entraînera un émiettement et une faiblesse horaire considérée préjudiciable au développement des apprentissages.

Une réforme ambitieuse du collège suppose, pour être efficace, de réduire les effectifs des classes, de diversifier les situations pédagogiques ainsi que des enseignements disciplinaires solides et reconnus dans le cadre d’horaires fixés nationalement, des programmes plus cohérents ouvert à une interdisciplinarité concertée, un système moins concurrentiel à l’aide d’une carte scolaire revisitée assurant une plus grande mixité sociale.

Pour cela il faut des moyens humains suffisants et donc des moyens financiers correspondants relevant de la responsabilité exclusive de l’Etat. Cela implique de rompre avec les politiques d’austérité budgétaires menées par le Gouvernement et de sa majorité parlementaire. L’avenir de la jeunesse du pays en dépend.

Je vous prie de croire, Madame la Ministre de l’Education Nationale, Mesdames, Messieurs les parlementaires de Seine Maritime, en l’expression de ma parfaite considération.

Hubert WULFRANC,
Conseiller Départemental
Président du groupe Communiste,
Républicain, Front de Gauche.