LETTRE OUVERTE AUX MILITANTS ET AUX ELUS SOCIALISTES DE HAUTE-NORMANDIE

LETTRE OUVERTE AUX MILITANTS ET AUX ELUS SOCIALISTES DE HAUTE-NORMANDIE

arton10411-938a6.jpgMadame, Monsieur,
Cher(e)s collègues
Chers ami(e)s et Camarades,

Les élus communistes et républicains de Haute-Normandie souhaitent s’adresser solennellement à vous, militants, élus, dirigeants départementaux ou nationaux du Parti socialiste.

La période qui s’ouvre, dans la perspective des prochaines échéances, est marquée d’interrogations multiples sur les dynamiques qui vont s’enclencher.

Vous connaissez notre engagement permanent contre toutes les politiques libérales qui mettent à mal tant la vie de nos concitoyens que le bon fonctionnement des institutions à tous les niveaux de la nation.

Vous connaissez aussi notre conviction inébranlable selon laquelle le combat contre ces orientations impliquent le rassemblement le plus large de toutes celles et ceux qui agissent pour de véritables changements.

Autant vous dire qu’aujourd’hui notre inquiétude est grande au regard des postures et d’initiatives de division, voire de rupture, qui ne peuvent servir que la droite, et son extrême.

Ainsi, ces derniers jours, Alain Le Vern, encore Président de la région Haute-Normandie, ainsi que des élus locaux et régionaux du Parti socialiste laissent entendre leur volonté de construire, avec la droite, une liste visant à battre une municipalité de gauche, à la gestion reconnue et appréciée par sa population, au motif que celle-ci est dirigée par un maire communiste. Ils indiquent leur hostilité à tout rassemblement avec les communistes, au premier comme au second tour des municipales à venir (cf articles de l’édition du 17 septembre des Informations dieppoises).

Ces déclarations, au-delà de l’amertume qu’elles portent, ont de quoi inquiéter toutes celles et ceux qui ont le cœur à gauche. Ce serait un changement radical d’orientation, qui serait mortifère pour toute la gauche. La droite est menaçante, et ses frontières sont de plus en plus perméables avec celles de l’extrême droite, ici comme dans tout le pays. Nous ne pouvons penser que cette ligne soit celle du Parti Socialiste dans notre région, où coexistent plusieurs visions de la gauche, dont celle du PCF influent et enraciné.

Des débats, parfois vifs, ont toujours traversé la gauche. Jamais ils n’ont été un handicap dans le rassemblement nécessaire face à la droite et l’extrême droite, au contraire. Cette diversité est même une valeur et une force de la gauche de Rouen à Dieppe, du Havre à Elbeuf, de Montivilliers à Sotteville les Rouen, de Lillebonne à Caudebec en Caux, de Vernon à Gisors, des Andelys à Évreux …

Aujourd’hui, ces débats sont aiguisés autour de la politique menée au plan national qui déçoit, mécontente, suscite parfois de la colère et en premier lieu parmi les électeurs socialistes qui, plus que d’autres encore, croyaient au changement à l’issue de la séquence électorale de 2012.

Pour ce qui nous concerne, nous combattons les mesures qui nous semblent contraires aux intérêts populaires et inefficaces pour redresser la France. Nous ne critiquons pas la politique du gouvernement par plaisir mais au nom même des devoirs de la gauche vis-à-vis de la nation, au nom des valeurs auxquelles la gauche ne doit jamais renoncer.

Nous sommes par exemple mobilisés contre les mesures visant à reculer l’âge de la retraite ou à alourdir les cotisations sociales des salariés quand la hausse de celles du patronat sera intégralement compensée. Et nous nous retrouvons, dans cette bataille, avec des militants socialistes ou écologistes.

Nous y portons des propositions, comme nous portons des propositions en faveur d’une grande réforme fiscale permettant de trouver les moyens de nouveaux progrès sociaux du côté du monde de la finance qui accapare les richesses produites quand tant de familles voient leurs impôts, y compris leurs impôts locaux, à l’image de Rouen, s’alourdir.

Ainsi en va-t-il du débat démocratique. Ce débat doit, à notre sens être nourri des visions, des propositions de toutes les forces de gauche. La confrontation saine autour des solutions à apporter à la crise est même de nature à réveiller l’intérêt de toutes celles et ceux qui se détournent aujourd’hui de la politique et qui s’apprêtent à renoncer à leur devoir civique.

Autre chose est de pactiser avec la droite, avec ceux que les Français, et les Haut-normands tout particulièrement, ont battu au printemps 2012, que nous avons nous-mêmes contribuer à battre, et qui rêvent de revanche, y compris au prix d’alliance avec extrême-droite.

Personne ne peut et ne doit rester silencieux devant une telle orientation, au risque de s’en rendre complice.

Autre chose est d’amplifier le débat démocratique sur les politiques locales à mener : les élus locaux auront-ils, demain, les moyens de mener des politiques locales en faveur du logement, de la santé, de l’éducation, des transports publics, etc… ou deviendront-ils ceux vers qui les citoyens se tournent pour exprimer leurs préoccupations sans pouvoir y répondre ? La réforme des institutions concentrera-t-elle le peu de moyens que les politiques austéritaires concèderont à quelques territoires jugés compétitifs ou serons-nous en mesure de poursuivre un aménagement permettant à tous les territoires de développer leurs atouts dans une complémentarité régionale et nationale, garantissant l’égalité des citoyens ?

Pour notre part, nous sommes prêts à mener ce débat, publiquement et sereinement, avec la volonté de rassembler largement face à la droite et à l’extrême-droite.

Merci de toute votre attention.

Cordialement, Les élus Communistes et Républicains de Seine-Maritime