Lutter contre les transferts de charges vers les régions

Lutter contre les transferts de charges vers les régions

Par Patrice Dupray, vice-président (PCF) de la région Haute-Normandie.

Paru dans L’Humanité du 17 février 2007

Les collectivités locales peuvent-elles assumer seules le transport ferroviaire régional ?

Depuis 2005, en Haute-Normandie, nous avons engagé un long processus de concertation avec tous les interlocuteurs en matière de transport de voyageurs qui a débouché, le 11 décembre dernier, sur l’adoption, par la région et les départements de Haute-Normandie, du plan de déplacement régional. Ce plan s’est traduit par un engagement sous forme de charte ratifiée par les assemblées régionales et départementales et par la quasi-totalité des autorités organisatrices de transport dans la région.

Ce plan de déplacement régional est la première démarche de ce type en France. À travers ce document, on traite des infrastructures nécessaires pour répondre aux enjeux à la fois environnementaux et de préservation du cadre de vie, mais aussi sociaux et économiques. Toutes les autorités organisatrices de transport s’engagent à mettre en oeuvre des partenariats et des politiques communes pour ce qui concerne le développement de l’intermodalité, en harmonisant les différents modes de transport et l’installation, à terme, d’une billetterie unique et d’une tarification combinée, l’offre de transports, le développement de pôles d’échanges, l’information des voyageurs, la tarification et le support des titres de transport. Concertation, cohérence, partenariat et perspectives sont les quatre principes qui inspirent cette démarche.

Dans ce dispositif, le transport ferroviaire, c’est certain, occupe une place de choix et les efforts et les luttes doivent être à la hauteur des enjeux. Malgré les difficultés créées par le gouvernement, qui réduit la SNCF et RFF à de simples exécutants de sa politique de régression en matière de transport comme dans bien d’autres domaines, la pression exercée conjuguée avec l’action des salariés et des usagers permet de mener à bien un certain nombre de réalisations. Par exemple, la fréquentation des TER qui augmente significativement (59 % en Haute-Normandie depuis 2001), le matériel qui est fortement renouvelé (en Haute-Normandie, en 2010, tout le matériel roulant des TER sera neuf ou renouvelé, ce qui représentera près d’une centaine de trains).

Des études se déroulent ou vont être faites pour la réouverture de lignes. Déjà elles sont commencées pour Rouen-Évreux, avec un potentiel de plus de 2 000 voyageurs par jour. Nous voulons aussi, et là encore la région va être un moteur pour engager ce projet, rapprocher les deux rives de l’Estuaire, les deux  » Normandie « , avec un franchissement ferroviaire indispensable à terme pour les transports de voyageurs et de fret. Face à cela, il nous faut, comme les autres régions, lutter contre le transfert de charges qui constitue l’augmentation considérable des péages de RRF et la mise en place depuis 2002 des droits de réservation d’accès en gare, c’est-à-dire que plus les régions s’évertuent à desservir leur territoire, plus elles doivent payer, L’État ne cesse de solliciter les régions pour la régénération du réseau, la SNCF pour le renouvellement de son matériel des lignes  » intercités  » (ex-grandes lignes)…
En Haute-Normandie, les liaisons vers Paris sont les grandes oubliées de l’aménagement du territoire et certainement parmi les plus mal traitées. Rouen est plus éloigné de Paris que Lille, Le Mans, Tours et bientôt Reims. Cette amélioration est un enjeu primordial pour la région et, là encore, avec tes salariés de la SNCF et les usagers, nous agissons pour les investissements nécessaires et refusons un service dégradé, d’un autre âge. Dans mes fonctions de vice-président, ma sensibilité communiste et l’intérêt majeur que nous portons à ces questions de développement durable, des transports et de défense du service public doivent continuer d’être un atout pour que, avec l’exécutif régional, nous agissions pour faire évoluer toutes ces questions dans un sens positif.