Dominique ADENOT Président de L’ANECR s’adresse à VALLS

Dominique ADENOT Président de L’ANECR s’adresse à VALLS

Monsieur le Premier Ministre,

Comme vous, nous saluons l’extraordinaire riposte du peuple français aux actes criminels et odieux qui ont endeuillé notre pays la semaine dernière. Des millions de françaises et de français ont manifesté dans l’unité et la dignité, pour rejeter le terrorisme, la haine, les racismes et les discriminations de toutes sortes, pour la liberté de la presse, les libertés.
Dès la prise de connaissance de l’attaque de la rédaction de Charlie Hebdo, des initiatives ont été décidées dans de nombreuses communes, à l’initiative des élus locaux, afin de permettre aux citoyens de se rassembler, de dire leur émotion, de dialoguer, de s’écouter, de rendre hommage aux victimes, et de dire à l’unisson leur rejet le plus absolu de l’intolérance, de la violence et du racisme.
Ce grand sursaut d’unité nationale des citoyens a montré une exigence très forte de fraternité, de vivre ensemble dans les valeurs de la République, de rejet des communautarismes et de toutes les dérives mafieuses et intégristes qui profitent du désarroi, de l’exclusion sociale pour tisser leurs réseaux.
Ce sursaut a été rendu possible en prolongement du travail et des multiples efforts réalisés au quotidien et dans la proximité, dans les quartiers et dans les territoires, par les associations, les agents publics, les élus locaux et par nombre de citoyens qui font vivre, dans des situations très souvent difficiles de crise et d’exclusion sociale, les valeurs fondamentale de la République, d’égalité, de liberté, de fraternité, de vivre ensemble et de laïcité.
Chacun le mesure après ces événements, il est extrêmement important de conforter cet élan citoyen qui vient de s’exprimer si fortement.
Cela revient à consolider -bien au-delà de ce qui est entrepris aujourd’hui- tout « ce qui fait société » : tout ce qui donne les moyens de vivre, de vivre ensemble et tout ce qui donne confiance aux hommes et aux femmes, aux jeunes, dans leur capacité à réaliser des projets communs. Le meilleur moyen pour lutter contre l’obscurantisme, c’est un meilleur accès à l’éducation, à la culture, le droit à l’emploi et à une vie décente pour tout le monde.
Comment de ce point de vue ne pas pointer le rôle indispensable des services publics locaux qui sont le ciment de la République ?
La situation exige que les moyens publics soient véritablement déployés aussi en soutien à la vie associative, à la citoyenneté et à la démocratie, pour développer toutes les solidarités et pour que chacune et chacun ait bien toute sa place dans la société.
En disant cela, nous pensons particulièrement aux quartiers touchés davantage par les difficultés sociales, la précarité, la faiblesse des revenus. Ce n’est pas le moment de les laisser tomber ! Toutes les mesures permettant le vivre ensemble, une politique de la ville à la hauteur, le refus de leur stigmatisation et de tous les amalgames sont à prendre sans délai !
Il faut aussi des moyens pour redonner un espoir et un avenir dans la Nation à ces franges de la jeunesse fragilisée et en danger.
Tout cela est-il compatible avec la baisse importante et inédite des dotations d’Etat aux communes, départements, régions? Incontestablement non.
Elle entrainera inéluctablement la réduction et la dégradation de services essentiels rendus aux populations, en particulier à celles et ceux qui sont les plus durement frappés par les difficultés, avec le risque d’accroitre les situations d’exclusion, de décrochage, d’errance, de fragmentation du tissu social. En outre, le mouvement sportif, les acteurs culturels, sociaux, l’éducation populaire qui font la richesse de notre République et qui sont si utiles à la jeunesse, payeront le prix fort de ces restrictions. La baisse des dotations sera enfin un coup dur pour l’investissement public porté à plus de 70% par les communes, et donc pour l’emploi.
Elle pose problème face aux énormes enjeux qui viennent de faire irruption avec ces événements tragiques.
Monsieur le Premier Ministre, vous annoncez une prochaine loi de finance rectificative afin de donner davantage de moyens à l’armée, à la gendarmerie, à la police nationale et au renseignement.
A notre sens, cette loi rectificative doit impérativement s’étendre à la Justice et aux collectivités territoriales : elle doit donner l’occasion d’entamer un réexamen du plan de réduction des dotations comme l’ont demandé, vous le savez, les 13 300 Conseils municipaux qui ont adopté la motion de l’Association des Maires de France.
Face à la baisse de la DGF, il est impératif qu’une modulation soit établie permettant d’amender cette diminution, notamment pour les communes qui font face à des besoins sociaux importants.
Nous pensons aussi à des pistes sérieuses à prendre en considération dans le but d’abonder la DSU et la DSR, de les rendre plus efficaces, et pérenniser le FSRIF au-delà de 2015.
Suite à la loi de finance, l’ANECR avait appelé les élus, les acteurs associatifs, les agents territoriaux, les citoyens à une journée nationale de mobilisation « mairies fermées/ mairies en lutte » le 22 janvier prochain.
De nombreuses communes, des maires étaient déjà dans l’action -comme en Seine Saint-Denis- pour protester contre la baisse sensible des moyens pour leur collectivité. Dans plusieurs villes, c’est l’ensemble de la majorité de gauche et des écologistes qui participe à ce mouvement.
Les évènements de la semaine dernière nous confortent dans le maintien de cette journée d’action qui se conclut par un rassemblement à Matignon pour vous faire part de nos doléances.
Nous formulons donc la demande que vous fassiez recevoir une délégation des représentants de quelques collectivités, élus et citoyens, participant à de ce mouvement ce 22 janvier, à 18h, à l’Hôtel Matignon à Paris.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma haute considération.

Dominique Adenot
Président de l’Association Nationale des Elus Communistes et Républicains