Voici l’intervention de Nathalie Nail, à l’occasion de la présentation par la majorité municipale du Contrat de ville (voir le dossier). Elle dénoncent l’inefficacité des politiques menées depuis quarante ans, faute d’interventions plus ambitieuses des collectivités locales mais aussi de l’État… et faute de moyens.
Monsieur le Maire,
Simplement une réflexion que m’inspire ce contrat de ville comme les nombreux avant lui et autres dispositifs de la politique de la ville :
Des dispositifs qui datent pour les plus anciens, des années 70 et qui ont toujours les mêmes objectifs depuis 40 ans : alors là on nous dit qu’il y a un nouveau cadre légal et réglementaire mais l’objectif reste toujours et invariablement le même « réduire les inégalités dans les territoires les plus en difficultés », lesquels depuis 40 ans sont identiques ou presque, voire ce sont étendus, avec au programme : l’emploi, le cadre de vie, l’accès aux droits…
Mais comment pourrait-il en être autrement quand, au lieu de traiter l’humain, on traite les lieux ?
Comment pourrait-il en être autrement quand, depuis des années, en menant des politiques d’austérité sous couvert de crises économiques – pas pour tout le monde ! -, on déshabille Pierre pour habiller Paul ?
Comment pourrait-il en être autrement on assiste à un déménagement en règle des services publics ? Je vous rappelle tout de même sur les plateaux Nord-Ouest : suppression de l’antenne de la Sécurité sociale, des services de la CAF, du CIO, des écoles qui ont fermées, de la Maison de Quartier du Bois de Bléville…
Comment pourrait-il en être autrement quand les buts fondamentaux de ces politiques ne sont tout simplement pas convergents ?
Vaut-il mieux traiter les lieux ou s’occuper des gens ? Question transversale et omniprésente quand on interroge la politique de la ville. En France le choix a été de traiter des deux à la fois, au risque de ne parvenir ni à l’un, ni à l’autre comme semble l’indiquer les nombreux rapports sur ces politiques…
En fait la réponse dépend de qui la pose. Pour ceux qui ne vivent pas dans ces quartiers, c’est probablement leur existence même qui pose problème. Il y a alors un bénéfice certain à traiter des lieux. Par contre, ce qui pose problème à ceux qui y vivent, c’est moins les lieux que la situation qui leur est faite, et en particulier leur difficulté à trouver une place dans une société qui ne leur en fait guère, et ce quels que soient les efforts qu’ils déploient…
Quelques propositions en matière de politique de la ville
Par exemple, en ce qui concerne les zones franches urbaines, pourquoi ne pas mettre en place des commissions de contrôles des emplois crées en contre parti des exonérations diverses liées à ce dispositif : 1- on s’apercevrait que les emplois crées ne concernent pas majoritairement les populations des quartiers de la zone franche 2- l’Etat devrait être d’autant remboursé des aides attribuées…
Autre proposition : ramener la République dans nos quartiers avec des vrais services publics de proximité, en y ajoutant des centres municipaux de santé.
Donner les moyens aux associations de travailler au vivre-ensemble comme il est fait la dans cette délibération mais en confortant les associations par des plans triennaux et des subventions généreuses.
Alors c’est vrai que le respect des droits communs sont lourdement influencés par la soumission aux critères de Maastricht et à ses conséquences désastreuses sur les services publics…
Il faut de l’argent pour tout ça me direz-vous ? c’est vrai, mais il y en a je vous assure car si la France est à la fois championne d’Europe des inégalités sociales, elle l’est aussi pour le nombre d’ultra-riches, il n’y a qu’à voir ceux qui ont visiter récemment le Panama même virtuellement par l’intermédiaire de leur banque…
Cette publication est issue du site L'opposition municipale au Havre avec Nathalie Nail.
Voir la publication originale : Inégalités et territoires : pour une politique ambitieuse !
