Nous souhaitons la bienvenue en Normandie à nos collègues qui participent au congrès de l’Association des Régions de France. Nous saisissons l’occasion pour ouvrir le débat avec eux et avec l’ensemble des citoyens.
Améliorer les conditions de vie, d’emploi pour tous, assurer un réel avenir à la jeunesse, garantir le droit à la santé, donner aux bassins de vie les moyens de se développer en respectant le principe d’égalité, voilà les principes qui nous guident. Cela demande que l’action publique et nos institutions évoluent pour plus de démocratie locale, plus de décentralisation, des coopérations renforcées.
Pour une République de la solidarité et de l’égalité
La création de 13 nouveaux territoires comme la loi définissant les compétences des collectivités sont en rupture avec ces objectifs. Ces réformes, décidées et conduites sans concertation, en dehors des partenaires et des citoyens eux-mêmes, construisent, y compris en Normandie, des institutions gigantesques en vue de mieux répondre aux logiques de concurrence effrénée, pierre angulaire des politiques libérales initiées à Bruxelles.
Cette hyper-concentration conjuguée aux politiques de réduction des dépenses publiques initiées par la droite, et malheureusement mise en œuvre avec zèle par le gouvernement actuel, interrogent de plus en plus de nos concitoyens. Beaucoup pressentent qu’il est question de l’avenir de la République : irons-nous vers des régions au service d’une République de la solidarité et de l’égalité ou, à l’inverse, vers des territoires au service de la compétitivité, formatés sur un modèle conçu par l’Union européenne, renforçant les inégalités sociales et territoriales ?
Pour notre part, c’est la première hypothèse qui doit prévaloir.
L’argent public au service de l’emploi
La Normandie paie un lourd tribut à la désindustrialisation. Elle compte 279 728 chômeurs, toutes catégories confondues, soit une progression de 7% en un an. Pour autant, de nombreux projets portés par les salariés qui défendent emplois et savoir-faire naissent ici. Les possibilités d’initier de nouvelles filières, comme la déconstruction de véhicules ou de navires, de structurer et nourrir de véritables filières, de la matière première jusqu’au recyclage, en passant par des productions utiles à tout notre pays, existent également. Elles nécessitent que les salariés, leurs représentants, les élus locaux puissent intervenir dans les orientations économiques, avec le souci de l’intérêt général qui a depuis longtemps quitté les conseils d’administration des grands groupes.
Élus du Front de Gauche, nous avons porté des exigences en matière de contrôle, et d’encadrement des aides publiques en faveur des entreprises, gagné une meilleure utilisation afin qu’elles servent les intérêts de notre territoire et des habitants. L’heure est à franchir une nouvelle étape, à associer les salariés à la définition des critères, à les doter d’outils d’intervention à l’inverse des mesures gouvernementales qui les démunissent de leurs droits et raccourcissent les délais pour proposer des alternatives aux plans dits « sociaux ».
Comment accepter que les régions, « chefs de file » en matière de développement économique, n’aient ni accès ni droit de regard sur les milliards de Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi distribués par l’État aux entreprises ? C’est d’autant plus inconcevable que les collectivités territoriales voient leurs dotations considérablement diminuées, avec les conséquences que l’on connaît sur les services publics locaux et les investissements, pour financer, précisément, ces cadeaux fiscaux.
Un réseau dense de services publics
Dans une Normandie qui compte 431 000 Normands vivant en dessous du seuil de pauvreté (990 euros/mois), les citoyens normands veulent savoir si une région prétendue forte permettra d’enrayer la disparition des services publics.
Ils pensent à La Poste qui s’éloigne des territoires ruraux et des quartiers populaires, confiant ses missions aux communes dont les baisses de dotation mettent les budgets en péril et dont l’existence même est menacée. Ils pensent aux hôpitaux, asphyxiés, aux CAF, aux CARSAT, aux centres de Sécurité sociale, à l’école, aux agences de Pôle emploi. Ils pensent aux associations culturelles et sportives qui jouent un rôle majeur dans la lutte contre les inégalités et donnent du sens au vivre ensemble.
Des transports efficaces et accessibles
Les régions ont considérablement développé le réseau des Trains Express Régionaux. Elles ont contribué à « faire préférer le train » à des millions de salariés, de jeunes, de familles. Il reste beaucoup à faire pour relier les territoires, moderniser les matériels, rendre les tarifs plus accessibles. D’autant plus que le découpage des nouvelles régions, le choix de leur capitale soulèvent de nouveaux défis : il faut plus d’1h30 pour faire Caen-Rouen en train, pour ne citer que cet exemple.
La poursuite de ces efforts indispensables risque d’être anéantie. La loi Macron, imposée avec le recours au 49-3, va ainsi jeter, dès cet été, des milliers d’autocars sur les routes. Les dispositions annoncées en faveur des entreprises, en particulier sur le versement transport, vont priver les agglomérations des financements nécessaires au développement de transports en commun. Les préconisations contenues dans le rapport Duron sur l’avenir des trains Intercités, si elles étaient appliquées en l’état, mettraient à mal des territoires entiers. L’expérience récente de l’abandon par l’État et la SNCF de la ligne Paris-Dieppe dont la charge est assurée aujourd’hui par la seule région Haute-Normandie pourrait se multiplier à l’échelle nationale.
Accélérer l’ouverture à la concurrence des transports ferroviaires, comme le suggèrent certains, serait lourd de danger. La libéralisation du fret a par exemple abouti à une chute du trafic au profit de la route et au détriment du transport ferroviaire voyageur qui devient plus cher car supportant, seul, le coût des infrastructures. La stratégie du « tout TGV » a contribué à la dette de la SNCF. L’Etat doit couvrir cette dette. Tout appelle à un plan Marschall de la mobilité au service d’une filière d’excellence, d’un service public de qualité, d’usagers écoutés.
Les conseillers régionaux du Front de Gauche ont de l’ambition pour la Normandie et ses habitants. Cette ambition repose sur une société à visage humain et porte des exigences d’égalité et de solidarité. L’argent existe pour une politique en rupture avec l’austérité imposée aux familles et aux collectivités, une politique en faveur de l’emploi, des services publics et porteuse d’espoir. Ensemble, nous continuerons à rassembler et poursuivrons notre action dans ce sens.
Céline BRULIN, Jean CHATELAIS, Alain CIVILISE, Julien DUGNOL, Michelle ERNIS, Christian GAUTHIER, Marie-Jeanne GOBERT, Dominique JOUIN, Jean-Luc LECOMTE, Gérard LENEVEU, Noël LEVILLAIN, Pierre MOURARET, conseillers régionaux Front de Gauche (PCF, Ensemble ! Républicain et citoyen) et de Basse et Haute-Normandie.
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