5 priorités pour S. Jumel : logement, santé, éducation, services publiques et aménagement du territoire.

5 priorités pour S. Jumel : logement, santé, éducation, services publiques et aménagement du territoire.

sébastien Jumel

Sébastien JUMEL à la séance d’Installation du Conseil Général au nom du groupe des élus communistes et républicains : « Nous mettrons en place, en opposition au bouclier fiscal présidentiel, un véritable bouclier social départemental. »

Chers Collègues,

On connaît le paysage politique issu des urnes à l’issue du scrutin des élections cantonales.

Une droite très en difficulté mais pas laminée, une poussée significative du FN en pourcentage, une gauche confortée dans ses positions, sans vague rose, ce qui interdit tout hégémonisme, un PCF qui maintient ses positions et même les consolide dans une posture de gauche combative à l’image de la Seine Maritime.

Cependant, la confrontation de ces résultats au nombre d’inscrits, confirme une donnée essentielle de la réalité du pays, masquée ou banalisée quand on s’en tient au seul suffrage exprimé : la persistance et l’aggravation d’une abstention de masse.

L’abstention massive des électeurs traduit la profondeur de leur désarroi. Quelques mois après un puissant mouvement social porteur de grande proposition sociales et politiques, soutenue par 70 % de nos concitoyens, (les retraites) un message d’une grande force vient d’être envoyé qu’il faut absolument entendre.

Lorsque la grande majorité du corps électoral appelé à se prononcer ne va pas voter, cela prend une signification politique au regard de laquelle les pourcentages obtenus par les différents partis doivent être relativisés.

Avec l’ampleur de l’abstention, et la banalisation de l’extrême droite et de ses idées, au sein même du gouvernement, se manifeste l’aggravation du fossé qui se creuse entre les attentes populaires et l’offre politique.

Plongé dans une crise économique et sociale sans précédent, notre pays connaît une crise politique majeure porteuse de danger.

Des questions majeures sont posées par cette crise. La France, le peuple d’Europe, les Seinomarins souffrent des choix politiques soumis aux exigences des marchés financiers et des puissants qui en tirent profit. Le chômage, la pauvreté, l’insécurité sociale, l’explosion des inégalités, la crise écologique appellent des réponses concrètes et immédiates à tous les échelons que nos concitoyens ne trouvent pas dans l’offre politique actuelle.

On ne saurait trop souligner dans ce contexte, la qualité remarquée et reconnue de l’engagement des militants communistes et de leurs élus dans leur capacité de rassemblement avec celles et de ceux qui refusent de baisser les bras.

Elle a été décisive pour que de nombreux sièges de conseillers généraux communistes soient conservés et conquis et pour que des majorités de gauche soient confortées ou gagnées comme ici en Seine Maritime à Blangy, à Cany Barville, ou bien à Rouen où les rassemblements étaient contre nature.

Force est de constater dans ce contexte que l’action du Conseil Général en tant que collectivité, son utilité, sa capacité à irriguer tous les territoires, pour répondre aux préoccupations des habitants de Seine Maritime, n’ont pas été perçues par nos concitoyens.

Cela n’implique pas selon nous, comme je l’ai entendu sur certains plateaux télé, que l’on accélère l’entreprise de casse et de démantèlement du Département prévue dans la réforme territoriale, bien au contraire !

C’est la raison pour laquelle les élus communistes et républicains, plus que jamais, porteurs des valeurs de la gauche combative considèrent qu’il ne faudrait pas anticiper la réforme ou l’accompagner en engageant une sorte de RGPP sauce normande, mais au contraire être exigeants pour obtenir les moyens que l’Etat nous doit, pour renforcer nos actions, pour un Département plus protecteur, plus dynamique, et mieux solidaire des gens et des territoires.

C’est dans ce cadre, que notre proposition de mettre en place en opposition au très provocateur bouclier fiscal présidentiel, de mettre en place un véritable bouclier social départemental prend tout son sens.

Un bouclier social autour de 4 priorités : l’emploi, le logement, la santé, et l’éducation.

Cela signifie à nos yeux qu’à l’échelon départemental, partout où des populations souffrent de l’abandon de l’Etat, partout où la crise frappe durement, nous devons mettre en place des solidarités nouvelles et nécessaires, cela veut dire qu’aucune réduction de moyens ne doit s’opérer dans ces quatre secteurs.

Si de trop nombreux dirigeants européens sont séduits par les saignées libérales et imposent des sacrifices salariaux et sociaux à leur peuple, je pense à Athènes, Dublin ou encore Bucarest, les politiques d’austérité, inspirées et imposées du bureau new-yorkais du FMI, nous considérons que ces règles ne doivent pas franchir les portes du département.

Nous serons profondément vigilants et mobilisés pour que les associations qui œuvrent à la cohésion sociale de nos cités et de nos communes ne voient pas leurs subventions remises en cause. Nous veillerons à ce que le couple Département/Communes, socle de la légitimité et de l’assise de notre collectivité, ne soit pas remis en question dans l’accompagnement nécessaire des projets de chaque territoire.

LOGEMENT

En matière de logement Habitat 76, l’office public départemental, doit marquer son opposition claire à la loi BOUTIN et à la fin du logement social. Il doit être un office au service de tous les locataires, garant de la mixité sociale, opposant résolu aux augmentations de loyers et de charges. J’alerte d’ailleurs sur les Conventions d’Utilité Sociale qui vont accentuer le phénomène. Habitat 76 doit devenir un espace de concertation et de co-élaboration permanente avec les différentes associations de locataire.

Le FSL a déjà fait l’objet d’un dégraissage en volume financier et en mode d’attribution, ce qui au regard du poids que représente le poste logement et les charges d’énergie qui explosent dans le budget des ménages, les plus modestes, n’est pas acceptable. Là aussi le bouclier social doit permettre de revoir la copie.

SANTE

En matière de santé, notre département n’est pas épargné par la casse du système de santé acté dans la loi Bachelot : fusions d’hôpitaux, réductions d’effectifs, déserts médicaux. Soigner coûte de plus en plus cher à l’usager. La responsabilité incombe à l’Etat, à la droite et à sa politique, une part de la réponse est dans la mise en place par la majorité départementale d’une politique ambitieuse : développement des Centres Médico-Sociaux et création de maison de santé pluridisciplinaire, mais également soutien aux salariés touchés par la Révision Générale des Politiques Publiques, RGPP qui à l’Hôpital se traduit par la dégradation de la qualité des soins.

Un appel émanant de 80 organisations appellent à une journée d’actions le Samedi 02 Avril pour défendre notre système de santé. Notre Département doit répondre présent.

PERTE D’AUTONOMIE

La droite veut impulser un « débat » sur la perte d’autonomie, le 19 avril prochain en présence de Roselyne Bachelot à Rouen. Débat qu’elle n’entend pas ouvrir au plus grand nombre car il l’a déjà tranché en faveur des plus fortunés et de ses amis qui gèrent les compagnies d’assurance privées.

Au contraire, nous pensons que la prise en charge de la perte d’autonomie doit relever de la sécurité sociale en constituant sa 5ème branche et reposer sur la solidarité nationale en faisant cotiser le capital au même taux que les salaires. C’est une question de justice sociale et de modernité.

Quant au Département, dans le cadre de ses compétences, il doit lui aussi contribuer à la construction de nouvelles structures d’accueil d’hébergement adaptées et accessibles à tous financièrement. Il doit œuvrer à améliorer les conditions de travail des aides à domicile plombées par la mise en concurrence des différentes associations. Cela doit nous permettre l’émergence d’une sorte de péréquation départementale fondatrice d’un service public de la dépendance.

C’est indispensable pour les personnes âgées, indispensable pour leurs familles ainsi que pour les salariés de ces associations.

ÉDUCATION

Nous avons pris connaissance Lundi de la carte des prévisions de fermetures de classes dans le département. Aucun territoire n’y échappe, les ZEP sont sévèrement touchées. Toutes les suppressions de postes doivent être combattues, aucun enfant de notre département ne doit subir les choix irresponsables, ne doit pas être une variable d’ajustement du pouvoir en matière d’éducation. L’école publique n’est plus facteur de réduction d’inégalités mais d’aggravation ! C’est inacceptable et la politique départementale doit maintenir le cap : pas de fermetures de collèges, maintient des investissements massifs dans les établissements, refus des suppressions de postes prévues à la rentrée 2011.

Le CDEN public et combatif du 09 Mars dernier devant les grilles de la Préfecture à Rouen allait dans ce sens. Un département en résistance, voilà ce qu’attendent les gens. Il nous faudra amplifier cette mobilisation lors du CDEN officiel du 08 Avril prochain, puisque que suite aux instances locales de concertation, il faut s’attendre à une saignée sans précédent avec plus de 150 classes menacées.

SERVICES PUBLICS

Le service public doit être présent partout dans notre projet départemental.

Il y a quelques jours, nous prenions connaissance du rapport du médiateur de la République qui dresse un tableau sévère de la rupture entre les Français et leurs institutions : le sentiment d’injustice et d’impuissance des citoyens face à une administration déshumanisée émaille à chaque page du rapport.

Pire, il y est écrit et je cite « le service public ne porte plus son nom ». Les restrictions budgétaires, le manque de moyens, de personnels, sont pointés comme un résultat conduisant à « un service public dégradé ».

Cela renforce notre détermination à faire du Département un rempart contre le démantèlement de nos services publics. La Révision Générale des Politiques Publiques se met progressivement en place et vient aggraver la situation de nos services publics. Fermeture de l’hôpital pour Neufchâtel-en-Bray et menace sur les hôpitaux de proximité comme celui d’EU, services de la CPAM et des CAF centralisés et donc réduits, fermeture de l’école des Douanes de Rouen et du bureau à Dieppe, réduction des heures d’ouverture des bureaux de poste…

AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE

Chaque recul aggrave les inégalités entre nos concitoyens, chaque recul impacte l’activité économique de nos territoires.

Mes chers collègues,

Je terminerai mon propos par ce que nous considérons comme la priorité des priorités pour nos concitoyens, l’avenir industriel de la Seine Maritime et des emplois qui lui sont liés.

La force et la richesse de notre département résident dans le fait qu’il s’est construit autour de la défense et de structuration de toutes les filières industrielles (automobile, énergie, pétrochimie, agriculture, agro-alimentaire, filière verrière, papetière, aéronautique, filière portuaire et la pêche).

A ce sujet qui m’est cher et qui l’est aussi aux yeux des Dieppois, le transmanche doit continuer à être un lien durable soutenu pour ouvrir la côte d’albâtre à 360 degrés.

Souvent, en matière économique, trop souvent, le Département est appelé à accompagner financièrement des projets économiques. Plus que jamais, il nous faut conditionner nos aides à l’exigence de transparence, à l’exigence de contrôle démocratique par les salariés eux-mêmes et surtout à leur impact sur l’économie réelle et sur l’emploi.

Chers collègues,

Dans quelques instants nous allons élire le Président du Conseil Général pour les trois prochaines années, Didier Marie. Issu d’une majorité diverse et non pas seulement issu des rangs socialistes il devra porter la voix de tous les Seinomarins. Après ce rendez-vous électoral, nos concitoyens, le peuple de Gauche, ont besoin de retrouver confiance dans la politique hors de toute posture politicienne.

Sans attendre 2012, nous devons nous mettre en mouvement au service de la construction de ce véritable changement, d’une alternative véritablement de gauche, d’être aux cotés du peuple qui souffre, du peuple qui manque, du peuple qui doute, du peuple qui lutte et qui résiste au sens où l’incarnait André Duroméa. Être aussi aux côtés d’un Département plus dynamique et mieux solidaire.

Dans quelques instants, après l’élection du Président, nous élirons les Vice-Présidents de notre collectivité. Nathalie NAIL ne sera plus Vice-Présidente du Conseil Général.

C’est un coup porté aux causes qu’elle a défendues au Département, un coup porté à l’adversaire d’Édouard PHILIPPE au Havre mais elle continuera d’incarner la gauche combative au Havre.

Mes chers collègues,

La gouvernance proposée qui nie ou qui exagère, ce que les électeurs ont dit, en appliquant une règle à calcul qui minimise la force communiste nous laisse craindre que cette fameuse règle à calcul, celle qui sera rejetée avec nous lors du prochain CDEN, celle qu’on applique au Gouvernement comme à Bruxelles ou au FMI, se mette en œuvre dans la gestion du Département.

Il ne peut aujourd’hui, comme demain, en être question pour nous. C’est dans cet état d’esprit, que les communistes éliront le nouveau Président et participeront à l’exécutif départemental contre vents et marées porteurs du rassemblement pour une gauche combative.