Copenhague : et après !?

Copenhague : et après !?

__L’échec est patent. Pas d’accord juridiquement contraignant, ni d’objectifs globaux sur la nécessaire réduction de 50% des gaz à effet de serre (GES) en 2050. Simplement deux petits feuillets sur la volonté de limiter l’augmentation de la température à 2°C en référence au GIEC.__ Chaque pays est convié d’ici au 31 janvier à faire connaître ses propres engagements sans contrainte de vérification. Un budget de 30 milliards de dollars, à court terme, a été décidé pour l’aide aux pays en développement (PED) et 100 milliards d’ici à 2020. Ce document n’a donc pas valeur de traité international. Ce texte a été ratifié par 28 pays dont les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique, et les principaux pays européens. C’était bien ce que nous craignions. Le sommet a accouché d’une souris : une simple déclaration politique, de bonnes intentions mais sans aucune contrainte. L’Europe s’est avérée incapable de jouer collectif et de peser sur le cours des négociations. Au-delà des contradictions qui la traversent, des chefs d’Etat ont voulu la jouer solo à l’image de Nicolas Sarkozy, gesticulant dans tous les sens mais sans réel poids. Certains veulent y voir l’échec de l’ONU et prétendent que le G20 doit prendre la main. A coup sûr c’est aller droit dans le mur. On peut considérer malgré tout que ce texte sera utile pour la suite. Finalement, l’événement c’est l’existence d’une véritable dynamique citoyenne mondiale, même si celle-ci n’a pas été entendue. Un de nos premiers objectifs est de poursuivre la mobilisation, de la renforcer en développant des campagnes publiques d’exigences dans la proximité. C’est ce à quoi nous nous sommes engagés avec le Front de gauche, notamment lors des élections régionales. Par ailleurs, nous devons avec nos partenaires du PGE faire pression sur l’Europe. Nos partis respectifs et nos groupes parlementaires peuvent jouer un rôle déterminant d’ici le sommet de Bonn en juin puis de Mexico fin 2010. Tout n’est pas à refaire mais tout est à amplifier. __Le combat écologique transcende-t-il le clivage gauche/droite ?__ La préservation et le sauvetage de la planète est l’affaire de tous. Je n’ose pas imaginer que certains, sous d’égoïstes intérêts, pourraient ne pas se sentir concernés par l’urgence d’agir efficacement. C’est sur la méthode pour y parvenir que les contradictions s’expriment avec vigueur. En effet, réduire l’émission de GES demande des changements de comportements individuels, toutefois l’essentiel n’est pas là. Il est incontournable de changer de mode de production et de consommation. Il faut inventer un nouveau mode de développement humain, citoyen et solidaire qui assure le progrès social et l’accès effectif aux droits. Je pense, entre autres, au droit à l’énergie pour tous. Il faut oser dire les choses : c’est le productivisme capitaliste qui est responsable de la crise écologique, sociale et financière. A gauche le PS et Europe Ecologie n’ont pas totalement surmonté ces contradictions. Les communistes considèrent pour leur part que le capitalisme n’est pas écolo-compatible. « Il faut changer le système, pas le climat » ; les manifestants de Copenhague ont exprimé avec clairvoyance l’objectif à atteindre. __Au nom de la justice climatique, faudrait-il renoncer à la justice sociale ?__ Moins que jamais, il est impératif d’agir dans un même mouvement pour réduire les inégalités environnementales et sociales. Aujourd’hui ces inégalités sont flagrantes en Europe et dans le monde. Nous devons régler notre dette écologique à l’égard des PED et agir pour la justice sociale partout, y compris en Europe. En effet, ici, nous sommes des consommateurs captifs du marché libéral des biens de consommation. C’est pour cette raison qu’il faut avoir le courage de sortir du marché l’eau, l’air, la terre, l’énergie et les considérer comme biens publics et biens communs de l’humanité. Au-delà de l’augmentation du pouvoir d’achat et de la relance de la dépense publique, il est nécessaire de favoriser de façon préventive leur accès aux familles les plus en difficulté. Nous nous réjouissons du rejet de la taxe carbone par le Conseil constitutionnel, car injuste et inefficace. Alors, qui va payer la facture ? Nous proposons de taxer le capital pas les ménages. Il est possible de trouver autrement et rapidement beaucoup d’argent. Le G20 a su le faire lors du sauvetage des banques, il doit pouvoir le faire pour le climat. C’est dans cette perspective que nous proposons d’agir en développant luttes et rassemblements afin que soient décidées une taxation des transactions financières et la réduction des dépenses militaires de 10% par an. Pour sauver l’humanité, la démocratie doit prendre un nouvel élan avec de nouveaux droits d’intervention pour les citoyens et les salariés. __Hervé Bramy Responsable du collectif écologie au PCF__