Retraites : La fausse solution des 41 ans

Retraites : La fausse solution des 41 ans

Retraites : La fausse solution des 41 ans

Claude COLLIN

Monsieur le Président, chers Collègues,

Si il y a un sujet qui domine actuellement dans de nombreux foyers c’est bien celui du pouvoir d’achat et tout particulièrement des retraités.

Le « rendez-vous retraites » a démarré le 27 mars dernier au Ministère du Travail.
A croire le gouvernement, il s’agirait seulement de confirmer et d’amplifier la réforme de 2003 en allongeant la durée de cotisation à 41 ans. Simple formalité puisqu’il envisage de faire passer son projet par voie règlementaire, sans débat ni vote au Parlement.

Et pourtant, quel est le bilan de la réforme Fillon de 2003 qui pour « sauver » le système de retraite devait passer par l’allongement de la durée d’activité et supposait donc un allongement sans fin de la durée de cotisation : après les 40 ans pour tous depuis 2008, suivrait le passage aux 41 ans entre 2009 et 2012.

En vérité le dernier rapport du Conseil d’Orientation des Retraites (COR) constate que le taux d’activité n’a pas augmenté et, signe le plus flagrant de l’échec, seuls 38% des seniors sont encore en activité.
A l’heure de partir en retraite, 6 salariés sur 10 ont déjà été évincés des effectifs des entreprises !
Rien d’étonnant donc que la perspective d’un passage aux 41 ans soit récusée par l’ensemble des syndicats.

Autre aspect de l’échec de la réforme, l’érosion constante du niveau des pensions, fortement dénoncée par les retraités eux-mêmes lors de récentes manifestations qui ont eu lieu notamment au Havre à Rouen et à Dieppe.
Le calcul de la pension à partir des 25 meilleures années de carrière au lieu des 10 meilleures précédemment ; l’actualisation de ce salaire annuel moyen, lors de la liquidation de la retraite, en fonction de l’inflation au lieu de l’évolution des salaires, et enfin les pensions elles-mêmes revalorisées selon les prix et non plus selon les salaires, tout cela provoque une chute du « taux de remplacement » (la retraite moyenne représente 48% du salaire moyen en France contre 57,5% dans le reste de l’OCDE).

Pourtant des pistes existent pour financer les retraites autrement qu’en appauvrissant les salariés, pour aller vers un taux de remplacement de 75% comme nous le proposons, et non pas pour reculer l’âge ouvrant droit au départ à 62 voire 63 ans comme le voudrait le Medef.

Depuis 20 ans, alors que de lourds sacrifices ont été imposés aux salariés, aucun effort supplémentaire n’a été demandé aux entreprises – sujet tabou pour la Droite. Les entreprises portent pourtant, par leur gestion restrictive de l’emploi, leur pression permanente sur le « coût du travail » et les salaires, une lourde responsabilité dans les difficultés financières des régimes de retraite (1% de la masse salariale équivaut à 2,5 milliards d’euros de cotisations sociales).
Les entreprises pourraient donc être responsabilisées en modulant leur contribution afin de pénaliser celles qui licencient et recourent à une main d’œuvre précaire, et favoriser celles à l’inverse qui développent l’emploi qualifié et bien rémunéré.

D’autres pistes de financement existent, encore, rejetées par le gouvernement : l’élargissement de l’assiette des cotisations à certaines « niches » actuellement exonérées comme les stocks options, l’intéressement et la participation. La cour des comptes a chiffré à 25 milliards le bénéfice d’une taxe qui s’appliquerait à ces éléments de rémunération exonérés, soit de quoi éponger 5 fois le déficit du régime général des retraites qui avoisine 5 milliards !

Alors chers collègues, ayons le courage toutes forces politiques confondues, de mettre à contribution l’ensemble des richesses, et pas seulement le travail, pour améliorer vraiment la vie de nos populations.