Séance extraordinaire du Conseil Général consacré à l’emploi

Séance extraordinaire du Conseil Général consacré à l’emploi

Séance extraordinaire du Conseil Général consacré à l’emploi :
Un discours préfectoral formaté place Beauvau qui ne prépare pas l’avenir industriel de la Seine-Maritime

Demandé dès décembre 2005 par le groupe communiste, le débat sur l’emploi en présence du Préfet représentant de l’Etat a eu lieu le 15 mai dernier lors d’une séance extraordinaire du Conseil Général de Seine Maritime. Un débat à l’issue duquel les élus communistes se sont sentis frustrés puisque essentiellement axé sur le traitement du chômage dans le cadre de l’économie de marché mondialisé, présenté comme inéluctable. Aux propositions des élus communistes de s’en prendre aux causes du mal c’est-à-dire au libéralisme lui-même et notamment de faire contribuer davantage les entreprises, le Préfet a répondu que le monde bouge et qu’il ne pouvait partager une conception accusée « d’immobilisme » et de « rigidité » alors que nous avons besoin de « flexibilité » et de « compétitivité ». Ce n’est pourtant pas ce qu’ont compris les Français lors du référendum sur le traité européen en mai et lors de la bataille contre le CPE plus récemment !
Par ailleurs, il n’a pas dit un mot sur l’avenir industriel de la Seine-Maritime, dont l’économie et les emplois sont fortement marqués par les énergies fossiles (charbon, pétrole, nucléaire) en voie d’extinction à terme.


Prenant la parole en premier, le Préfet s’est livré en ardent défenseur de la politique gouvernementale à un plaidoyer en faveur de mesures prises par la droite au plan national, tentant d’en montrer la cohérence autour de 2 objectifs : « donner l’envie de travailler » aux Français et « donner l’envie d’embaucher » aux entreprises.

  • « l’envie de travailler en faisant que le travail paie plus que l’inactivité » ne lui a pas servi pour défendre une revalorisation des salaires mais pour… justifier les mesures de contrôle et de sanction contre les abus, les radiations de l’ANPE, ainsi que pour justifier toute la panoplie de nouveaux contrats gouvernementaux (contrat d’avenir, d’accompagnement, CIVIS, contrats d’apprentissage, …), destinés selon lui à rendre les demandeurs d’emplois « responsables ».
  • « l’envie d’embaucher à donner aux entrepreneurs » a été l’argument utilisé pour justifier toutes les mesures d’abaissement du coût du travail et des charges pesant sur les entreprises, et toutes les mesures destinées à plus de « flexibilité » de l’emploi, CNE et CPE compris, CPE que le Préfet a justifié et a regretté qu’il ait été un « malentendu », c’est-à-dire pris pour de la précarité alors que « l’intention était de mettre le pied à l’étrier » des jeunes !

Les interventions de la droite départementale, après l’intervention du Préfet, n’ont donc été que des redites sur l’air de « tout va très bien Madame la Marquise ! », l’emploi connaît une embellie « ça va dans le bon sens », il faut s’adapter, il faut de la flexibilité…

Philippe Clément Grandcourt, subtil, a même souligné les félicitations apportées par Ségolène Royal à Tony Blair, dont la politique est une « réussite » et pourtant basée sur la flexibilité, voire la précarité !!!

Le groupe socialiste quant à lui, a dénoncé la déliquescence gouvernementale où le débat d’idée a été remplacé par « une Saint Barthélemy mode UMP » entre le premier ministre et le ministre de l’intérieur. Dominique Randon a dénoncé, malgré les propos optimistes tenus par la droite, le fait que notre pays s’enfonce dans la pauvreté et que les plans de licenciements continuent, notamment en Seine Maritime, et Pierre Léautey a rappelé la politique départementale en faveur de l’emploi.

Il aura fallu attendre l’intervention de Claude Collin pour le groupe communiste pour « sortir du bocal » et de la pensée quasi unique basée sur le postulat du fatalisme et de la renonciation devant l’économie mondialisée.

Pour le groupe communiste,

La situation de l’emploi est très préoccupante, malgré les chiffres officiels du chômage qui masquent la réalité : seule la catégorie 1, celle des demandeurs d’emplois immédiatement disponibles à la recherche d’un CDI à plein temps est comptabilisée, ce qui ne représente que 57% des chômeurs qui sont en réalité 4,5 millions. Le chômage représente non pas 9% mais 15% de la population active et on radie aujourd’hui 34 000 chômeurs par mois !

En 2005, 1 000 licenciements économiques ont déjà eu lieu dans le seul département de la Seine Maritime et 1 600 à 1 900 nouveaux licenciements économiques sont envisagés pour 2006, notamment dans les secteurs du papier carton comme à OTOR à Saint Etienne du Rouvray, au port de Dieppe, dans l’automobile, la chimie comme avec Grande Paroisse à Grand Quevilly et Oissel notamment.

Or, la seule réponse de l’Etat n’est que la volonté de généralisation de la précarisation de l’emploi, avec notamment les emplois « Borloo », le CPE et le CNE, majoritairement contestés comme l’ont montré les puissantes manifestations récentes. Le retrait du CPE devant la forte mobilisation populaire de ces dernières semaines est une première victoire, et montre le besoin croissant, notamment chez les jeunes, d’avoir une certaine sécurité de l’emploi, un avenir assuré.

« Non, la question de l’emploi ne se règle pas à coups de petits boulots, a tonné Claude Collin, car la cause première du chômage réside dans les politiques libérales menées aujourd’hui, celle prônée par le Medef et mise en œuvre par le gouvernement depuis des années.

Car enfin que constate-t-on : les résultats financiers des entreprises cotées au C.A.C. 40 explosent : les bénéfices ont augmenté de 50% en moyenne en 3 ans, passant d’un total de 57 milliards en 2004 à 85 milliards. La palme revient à Danone dont les bénéfices ont augmenté de près de 226%. Total annoncé 12 milliards d’euros de bénéfices nets en hausse de 31%. Arcelor annonce un résultat net en 2005 de 3,8 milliards d’euros en hausse de + 66%, … et 6 000 suppressions d’emplois entre 2002 et 2004 !

De tels résultats sont bâtis sur un écrasement des salaires et de l’emploi.

Autre exemple, France Télécom (bénéfice 5,7 milliards soit + 90%) en 2005, soigne ses actionnaires en décidant d’augmenter leur rémunération de 108% alors que dans le même temps, l’entreprise privatisée, annonce la suppression de 17 000 postes cette année et octroie « 1% » d’augmentation à ses contractuels en 2006 et 0,5% à ses 80 000 agents.

Alors oui, la bataille pour l’emploi nécessite de s’attaquer aux causes du mal, nécessite d’autres mesures que les petits boulots et notamment la poursuite de la bataille contre le CNE, grand frère du CPE, et des mesures audacieuses visant à la sécurisation des parcours professionnels. »

Pour leur part, sous l’égide de leurs associations départementales (ADECR 76 et 27) les élus communistes s’étaient rassemblés le 17 mars devant la préfecture de Rouen afin de faire part de leurs propositions en matière d’emploi qui ont été remises au représentant de l’Etat. Claude Collin, Sébastien Jumel et Hubert Wulfranc les ont rappelées.

AU PLAN LOCAL, nous demandons : – La réactivation du comité de pilotage stratégique du port de Dieppe dont on ne peut pas accepter le déclin, avec notamment la mise en œuvre d’une complémentarité nouvelle entre les ports normands pour rechercher les synergies plutôt que la mise en concurrence et avec le respect des engagements de l’Etat en matière d’infrastructures. Nous demandons également une table ronde sur la filière papier carton dont plusieurs sites sont gravement menacés dans la région : 154 suppressions d’emplois annoncées à l’usine OTOR de Saint Etienne du Rouvray, 107 à l’usine M-Real à Alizay, fermeture possible du site Smurfit-Kappa de Vernon… table ronde réunissant les dirigeants papetiers, les représentants des collectivités locales concernées et les représentants syndicaux et élus des salariés. Nous demandons plus généralement la suspension des plans de licenciements et la mise en place préalable de cellules de crise associant les salariés, les services de l’Etat et les élus, pour examiner les solutions alternatives, autres que celle de la baisse des coûts salariaux. – L’engagement de tous les pouvoirs publics, en cas de disparition d’activité, dans des opérations de redynamisation et de reconversion des sites touchés, et le remboursement par l’employeur de toutes les aides publiques dont il a pu bénéficier en cas de refus d’engagement des discussions.

Pour la région Havraise, Claude Collin a évoqué les incertitudes qui demeurent dans l’automobile : « Financera-t-on notamment Renault qui laisse entendre que ses nouveaux modèles haut de gamme seront construits en Corée !!!, concurrençant directement le site de Sandouville ? »

Il a également évoqué les rumeurs qui circulent sur d’éventuelles remises en question d’investissements prévus par les grands groupes pétroliers dans les raffineries normandes et a exprimé l’indignation des élus communistes et celles des salariés concernés quant à la privatisation des services liés à Port 2 000 et qui concernent, après les personnels du port, les grutiers, les portiqueurs et les remorqueurs, la desserte ferroviaire qui ne serait plus confiée à la SNCF.

Enfin, concernant la réparation navale, il a demandé le maintien la forme 7 et du dock flottant, et pour qu’ils puissent servir notamment pour des activités de désamiantage des navires.

AU PLAN REGIONAL, les élus communistes et républicains demandent que la Région prenne l’initiative de créer un Fonds Régional pour l’Emploi et la Formation. Ces FREF, outil financier immédiat décentralisé, constitueraient une base pour créer, dans le cadre d’une politique de gauche vraiment alternative, un Fonds National pour l’Emploi et la Formation. Ils prendraient en charge, par bonification, une partie des intérêts des emprunts des entreprises pour leurs investissements : plus celles-ci programmeraient d’emplois et de formations, plus la bonification d’intérêt serait élevée.

AU PLAN NATIONAL, Claude Collin a rappelé que les députés communistes ont déposé une proposition de loi tendant à favoriser l’emploi des jeunes, par l’instauration d’une négociation obligatoire avec les syndicats et élus de salariés dans les entreprises de plus de 10 salariés afin qu’elles se dotent d’un plan de gestion prévisionnelle des départs en retraite contre embauches en CDI. Avec l’effet du « Papy Boom » on sait en effet que 600 000 départs en retraite sont attendus par an jusqu’en 2015. En Haute-Normandie, par exemple, 5 500 emplois seront concernés dans la chimie par le renouvellement des générations, 15 à 20 000 métallurgistes devraient faire valoir leur droit à la retraite dans les 3 ans, dans le BTP la moitié des entrepreneurs et le quart des ouvriers qualifiés partiront aussi en retraite d’ici 10 ans. Dans la santé, 4 000 professionnels partiront avant 2010. Les emplois qualifiés sont donc nécessaires dans un proche avenir. Encore faut-il s’y préparer et s’y former, d’où l’utilité des Fonds Régionaux proposés en coordination avec le fonds National pour l’emploi et la formation. De concert avec la création d’un pôle public financier constitué autour de la Caisse des Dépôts et Consignations et des banques nationalisées et mutualisées, les Fonds pour l’Emploi et la Formation contribueraient à mobiliser tous les financements, notamment les profits et le crédit à côté des fonds publics, dans un but de sécurité de l’emploi et de la formation, à tous les moments de la vie de chacune et chacun.

Un nouveau système de sécurité emploi formation serait ainsi possible, une sorte de « sécurité sociale professionnelle », comme l’a été en 1945 la création par le ministre communiste Ambroise CROIZAT de la sécurité sociale maladie et vieillesse. Cela constituerait sans doute la voie originale dont le pays a besoin pour relever le défi des mutations de l’emploi dans la sécurité, et ainsi éradiquer progressivement le chômage. Pour y parvenir, il est donc urgent, à côté du financement public et d’une réforme fiscale impliquant d’avantage les entreprises, de réorienter le crédit et les banques pour qu’ils participent aux financements de cette réorganisation complète du monde du travail.

Enfin, Claude Collin a réitéré la demande faite par les élus communistes de la Région Haute Normandie de la tenue d’assises régionales pour l’emploi et la formation ouvertes à l’ensemble des acteurs sociaux, économiques et politiques, aux organisations de jeunes, aux syndicats et au mouvement associatif, notamment pour réfléchir à l’avenir économique et industriel et aux emplois de demain après l’ère pétrole et nucléaire, problématique reprise par le Président Marie dans ses conclusions.

L’Intervention d’Hubert WULFRANC sur la filière papier carton

« La filière papetière Haut Normande traverse une grave crise. 154 suppressions d’emplois viennent d’être annoncées mardi dernier au comité d’entreprise de l’usine OTOR de Saint Etienne du Rouvray qui viennent s’ajouter aux 107 licenciements programmés sur le site de M-Real d’Alizay. Quant à l’usine Smurfit-Kappa de Vernon, elle est purement et simplement menacée de fermeture.

Monsieur le Préfet, je vous alerte depuis des mois avec mon collègue Thierry Foucaud, Maire de Oissel, sur la situation de l’entreprise OTOR qui emploie à ce jour 247 salariés. Aussi je réitère aujourd’hui la demande qui vous a été formulée à de multiples reprises.

Entendez-vous oui ou non évoquer, et ce, dans les plus brefs délais, une table ronde réunissant les élus des collectivités territoriales concernées, les partenaires sociaux, les dirigeants de l’entreprise ainsi que les représentants des chambres de commerce et d’industrie concernant l’avenir de l’usine OTOR de Saint Etienne ? Les habitants et les salariés de ce canton populaire attendent de pied ferme une réponse qui n’a fait que trop tarder !

Depuis 2004, ce secteur, véritable cœur industriel de l’agglomération rouennaise, est déstabilisé et souffre des méfaits du libéralisme.

Ainsi, l’entreprise Isover a fermé ses portes en 2004 avec ses 110 salariés. L’an passé les 175 salariés de l’usine de colorants Yorkshire ont été licenciés. Plus récemment, le groupe Total a annoncé la fermeture définitive de son site de Oissel en 2008, soit 88 emplois détruits et pour conclure ce triste bilan, l’entreprise Orgachim avec ses 33 derniers salariés est en redressement judiciaire !

Monsieur le Préfet, il y a péril en la demeure !

Aussi, êtes-vous d’accord pour mettre en place et apporter tous les concours financiers nécessaires à la redynamisation de ce secteur économique de l’agglomération ?

Prendrez-vous l’attache du Président du Conseil Régional, partenaire incontournable en matière de développement économique, afin d’envisager un amendement au Schéma Régional de Développement Economique au sujet de la filière papetière ?

Cet amendement devrait, selon nous, reconnaître le caractère particulièrement structurant de cette filière au sein du tissu économique régional et, en cela, en faire une priorité pour permettre le maintien des différents sites menacés.

Les élus communistes apportent tout leur soutien aux salariés et à leurs syndicats. Nous leur assurons notre engagement pour obtenir d’autres solutions et exigeons des pouvoirs publics et de l’Etat, en particulier, qu’ils mettent tout en œuvre pour sauvegarder et développer cet outil industriel indispensable à notre économie.

Aussi, Monsieur le Préfet, sommes-nous à votre disposition ainsi qu’avec tous ceux qui souhaiteraient se mobilier pour défendre l’emploi et l’avenir de nos sites industriels. »

L’Intervention de Sébastien JUMEL sur la région Dieppoise

« Monsieur le Préfet, j’ai déjà eu l’occasion de dire publiquement –et à vous-même lorsque vous m’avez reçu- que j’avais le sentiment –et il est partagé par nombre d’acteurs économiques et sociaux de Dieppe et sa région- que j’avais le sentiment donc que Dieppe, depuis 4 ans, servait au Gouvernement et à la droite locale de laboratoire pour expérimenter à l’échelle de notre territoire, sa politique de casse des services publics de proximité et des emplois qui lui sont liés, sa politique de déménagement du territoire.

En à peine 4 ans, et ce sont des coups durs pour notre pôle, malgré les résistances des agents concernés, malgré la désapprobation des populations maintes fois exprimée, y compris à des moments électoraux, la spirale du déclin a été enclenchée, accélérée :

  • suppression de la recette des finances, de l’Office National des Forets, des services de la Banque de France ;
  • menaces sur l’URSSAF, restructuration de la D.D.E. ;
  • dévitalisation progressive de l’agence EDF-GDF du Val Druel pour rendre incontournable sa fermeture ;
  • fermetures de classes à répétition avec une attention particulière pour Saint Nicolas où vous avez fermé CLIS, lycée et SEGPA.

Le Centre Hospitalier de Dieppe, comme celui de Eu, voient leurs crédits d’Etat réduits à peau de chagrin, avec les pressions que cela implique en terme d’emplois sur les médecins, les infirmières, les aides-soignants,

Avec les pressions que cela implique sur les usagers qui voient les tarifs hospitaliers exploser et la situation des hôpitaux publics fragilisée.

Dans le même temps, aucune politique volontariste, n’est venue inverser la logique, l’occasion manquée de l’implantation de l’EPR à Penly en est un exemple caricatural. Dans le même temps, malgré l’arrivée récente d’un Sous-préfet tout-terrain, efficace, l’Etat, aménageur du territoire, l’Etat coordonnateur de l’action économique n’est pas à la hauteur des enjeux posés dans notre territoire où le taux de chômage reste le plus élevé du Département.

Le dossier Regma avance lentement à mon goût alors qu’on nous avait parlé d’un contrat de redynamisation de site.

Eurochannel est fragilisé. Je pense aux vagues de licenciements à répétition chez Toshiba.

Comme dans tous les secteurs de production, cette politique ultralibérale ruine des territoires, développe le chômage et la précarité, favorise les stratégies des multinationales et de leurs actionnaires. Quand une entreprise comme la SIVAL à Eu est reprise par un financier qui rentabilise l’investissement en liquidant les emplois et met en péril les productions (hautes technologies, Ariane) Quand on compte autant « d’affaires » dans la sous traitance du verre en vallée de la Bresle : patrons voyous de Cosmétic Contrôle actuellement.

Notre obstination à donner corps au contrôle de l’utilisation des fonds publics prend tout son sens.

Dans ce contexte, les territoires sont mis en concurrence :

  • entre la France et la Chine par exemple pour Toshiba ;
  • entre Dieppe-Offranville et Tôtes lorsque Davigel déterritorialise son activité car le désenclavement routier de Dieppe est inachevé (RN 27)
  • concurrence entre les ports normands, mais j’y reviendrai ;
  • entre la Vallée de la Bresle, la Turquie et l’Algérie, quand pour résumer l’activité à une simple plateforme logistique, l’entreprise Banides Debeaurain délocalise.

Les élus, issus et investis par le suffrage universel –députés, sénateurs, conseillers régionaux, départementaux ou locaux- ont des compétences et des capacités d’intervention étroitement délimitées en la matière.

Deux options s’offrent à eux :

  • ou bien accompagner le mouvement en tachant d’en atténuer les dégâts collatéraux, en cofinançant les plans sociaux pour acheter la paix sociale, et en laissant le marché s’exercer librement ;
  • ou bien refuser en prenant appui sur les propositions des acteurs concernés ;
  • refuser et résister à toutes les solutions de démantèlement et de désertification et proposer des solutions de relance.

C’est la seconde option que le Conseil Général a prise courageusement pour le Transmanche. C’est cette seconde option qui doit nous animer au quotidien. Résister mais aussi coélaborer pour construire des solutions alternatives.

C’est cette posture qui m’anime au quotidien notamment sur la question centrale de l’avenir du port de Dieppe. Sur ce sujet, toutes les réflexions doivent être examinées, étudiées. L’intelligence n’est pas réservée aux cabinets d’experts, surtout quand ils partagent les tendances lourdes de l’ex-Datar. L’intelligence n’est pas réservée aux décideurs, surtout quand leur stratégie est peu lisible ou trop lisible. Et là je pense aux propos que vous aviez tenus, Monsieur le Préfet, propos tenus pour faire réagir, et cela a été le cas.

Je souhaite réaffirmer aujourd’hui –avec force et conviction- que l’Etat, responsable de ce port d’intérêt national doit impérativement jouer son rôle – et pas seulement en nous trimballant pour le financement d’études mais concrètement :

  • au niveau des infrastructures portuaires (passes, réfection de quais, pont Colbert) ;
  • en achevant le désenclavement du port tant au plan routier qu’au plan ferroviaire ;
  • mais aussi en remettant à niveau les finances de la concession portuaire avant le transfert (12 millions d’€) (décret de mars 2006 et ses conséquences).

Sur cette question portuaire, à ma connaissance, la Direction Nationale des Ports n’a pas été supprimée. L’Etat peut donc actionner l’ensemble des leviers publics pour concrétiser la notion de complexe portuaire normand, en lien avec les collectivités territoriales investies. Autrement dit, l’Etat doit rendre incontournable la solidarité concrète entre les ports, en formalisant le partage des trafics dans un souci d’aménagement équilibré du territoire.

Monsieur le Préfet, mes Chers Collègues, je suis optimiste de nature et par conviction. Je crois en l’avenir de notre région dieppoise qui est pleine d’atouts. Mais force est de constater, sans noircir le tableau que l’année 2006 a bien mal commencé.

Parler de l’avenir du Port –et j’y crois- en commençant par des licenciements, la population, les acteurs comprennent mal.

Je pense aux salariés de chez Verdandre, de chez Trancosatal ou de chez Léon Vincent. Je pense aux 47 dockers carte G et non carte G.

Pour accompagner leur licenciement, on mobilise (l’ensemble des acteurs) plus de 1,5 millions d’€, mais ce qu’ils veulent : c’est du travail dans le cas où les trafics repartiraient.

J’ai mis sur la table la proposition que nous mobilisions la même énergie et les mêmes financements pour que les salariés du port retrouvent un emploi dans ce secteur d’activités, par exemple en créant un outil mixte de manutention portuaire, outil que l’on mettra à disposition des opérateurs lorsque le trafic ne va pas manquer de redémarrer.

Je me vois mal proposer à tous ces salariés, dont le savoir faire est avéré et reconnu de tous, de s’inscrire dans un dispositif d’accompagnement à l’emploi (de type CAE ou autres emplois précaires), au pire d’aller vendre des chichis ou de louer des parasols sur notre littoral où il fait beau plusieurs fois par jour.

De la même manière, comment parler d’emploi sans évoquer la question centrale de la formation. Il faut remettre à l’ordre du jour la création d’un Département d’IUT à Dieppe branché sur les besoins de notre bassin d’emploi.

Encore un dossier qui a été gommé du contrat de plan Etat/Région, alors que nous avions fortement avancé sur l’idée d’une formation supérieure en matière de maintenance nucléaire pour éviter qu’EDF, entré dans une logique d’actionnaires, ne fasse appel à de la main-d’œuvre bon marché ou insuffisamment formée.

Monsieur le Préfet, vous l’avez compris, à travers ces propositions très résumées, faute de temps, il s’agit de rétablir dans le Schéma Régional d’Aménagement du Territoire, l’agglomération dieppoise et son port au rang de pôle d’équilibre et de maintenir, voire de développer, les potentiels d’emplois sécurisés et durables qui en dépendent, tout autant que les prestations de services publics qui leur sont attachées. »

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Jean-Louis JEGADEN, Président du Groupe Communiste
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