CPE : Une victoire pour tous les peuples européens

CPE : Une victoire pour tous les peuples européens

Abandon du CPE, suppression du principe du pays d’origine dans la directive Bolkestein, enterrement de la directive de libéralisation des services portuaires…, les peuples européens seraient-ils en train de moissonner ce qui a été semé lors du référendum sur la Constitution européenne ?

Certes, il n’existe pas encore de plan B à l’actuelle Union européenne ultra-libérale et anti-démocratique.

Certes les peuples d’Europe subissent encore les terribles conséquences du capitalisme mondialisé, de la concurrence de tous contre tous.

Certes, la directive Bolkestein est loin d’avoir perdu tout son venin.

Mais, depuis un an l’ultralibéralisme connaît revers sur revers en Europe.

De l’échec de la directive voulant breveter les logiciels à la disparition du CPE, ces revers sont toujours le résultat de la conjonction d’un mouvement social fort et d’une action politique déterminée.

Incontestablement, les résultats des référendums constitutionnels français et hollandais ont été de puissants accélérateurs de ce réveil d’une conscience sociale et politique européenne.

Lors de la lutte contre le CPE, les lycéens, les étudiants, les chômeurs, les salariés français n’ont pas été tout seuls en Europe. Ils ont reçus le soutien de toutes les forces syndicales européennes. De nombreuses et d’importantes manifestations de solidarité ont eu lieu devant les ambassades de Frances.

Ces manifestations n’avaient pas pour unique ressort la solidarité, elle traduisent le sentiment général que la France avec son CPE ne faisait que servir de terrain d’expérimentation pour les objectifs de compétitivité européenne de l’agenda de Lisbonne

C’est-à-dire toujours plus de précarité, de flexibilité, d’insécurité sociale, de pression sur les salaires bas et moyens pour satisfaire les besoins de sécurisations des revenus du capital au profit des actionnaires et des rentiers. Avec le CPE, Il s’agissait de conjurer les effets positifs prévisibles sur les salaires et le marché du travail, des départ massifs à la retraite du au Papy boom.

C’est pourquoi, par exemple, le gouvernement allemand avait, tout prêt dans sa musette un CPE made-germany, au cas où le pouvoir français aurait réussit à faire avaler la pilule au peuple français.

Oui, le peuple français n’est pas isolé dans sa lutte contre une société fondée sur la précarité et l’insécurité sociale. Partout en Europe se développe des luttes multiformes contre l’insécurité sociale: En Grande Bretagne (1 million de grévistes), en Belgique sur les retraites, en Allemagne, en Autriche et en Italie sur les salaires et les services publics,…

La victoire populaire contre le CPE, souligne plus que jamais le besoin de dégager une perspective politique en France et en Europe. La précarité, le chômage, les bas salaires, la mal vie, la pauvreté sont toujours là… On insécurise socialement la vie de chacun du berceau au cercueil. Il y a urgence à changer véritablement les choses, si nous ne voulons pas que nos sociétés basculent dans le chaos social et la violence.

L’enjeu est que l’énorme lame de fond anti-libéral qui travaille la société française s’incarne en force politique majoritaire en France. Personnellement, en tant qu’élu communiste européen, je prendrai toutes mes responsabilités pour que cette incarnation prenne chair.

Car les temps deviennent mûrs pour mettre en place à l’échelle de l’Union européenne un système de sécurisation des parcours professionnels, assurant sécurité des revenus, formations initiales et continues et l’emploi tout au long de la vie professionnelle.

Ce qui conduirait à la fin du marché du travail et à l’éradication du chômage, tout en permettant d’avoir la souplesse nécessaire pour suivre et anticiper les révolutions scientifiques et techniques et les besoins de nos sociétés européennes.

Jacky Hénin
Député au Parlement européen
Maire de Calais